1788, n°38, 7 février, Variétés, Aux Auteurs du Journal.

En admirant les travaux immenses entrepris pour l’embellissement de la capitale, et surtout la démolition des maisons qui obstruaient les ponts, il reste encore à regretter que l’on suive l’ancien usage de construire de parapets qui les terminent avec d’énormes pierres de taille qui diminue la largeur des trottoirs, n’offrent aucune décoration et donnent aux ponts une apparence trop massive.

A Londres, les balustrades très élevées que l’on a employées sont sans doute préférables ; mais elles garantissent un passage magnifique et commode, où l’on est privé presque totalement de la vue de la rivière ; il semble que l’on pourrait réunit l’utilité et l’agrément, la solidité et la légèreté, en garnissant les bords des ponts de grilles de fer qui occuperaient un moindre espace que les parapets en pierre, feraient un plus bel effet, et en les élevant à la hauteur de cinq pieds environ, préviendraient des malheurs qu’un désespoir quelquefois momentané n’a que trop souvent produit. Les passants jouiraient de la vue complète du spectacle de la rivière, et formeraient eux-mêmes une galerie très animée pour ceux qui en seraient à portée, et principalement pour les Tuileries et le Louvre. On pourrait encore tirer du dessein de ces grilles des formes moins tristes que les misérables potences dont on se sert pour le support des réverbères.

A Lille en Flandre, le Pont Royal, qui est garni d’une grille toute simple, présente un bel aspect.

Philantrope