Chapitre V. L’importance des forces économiques dans la détermination du comportement familial

Nous l’avons dit au chapitre précédent, la famille ne fasait pas partie du « social » selon les tenants de l’élaboration des indicateurs sociaux à Washington à la fin des années 1960. La famille était pourtant au cœur des préoccupations de Moynihan, dont le rapport de 1965 n’avait pas suscité l’intérêt de Johnson. Dans ce chapitre, nous montrons qu’à partir du début de la décennie 1970, ce qui composait le « social » changea peu à peu, à mesure que la famille ressurigt au sein des préoccupations des politiques. Dans un contexte de profonde remise en cause de l’héritage de la « Great Society », la politique de la famille cristallisa la discussion autour de l’impact des programmes d’intervention de l’État tout au long des années 1970 et 1980. Nous montrons comment la théorie économique de la famille émergea dans un tel contexte, et appuya l’idée que les forces économiques étaient de puissants déterminants des comportements familiaux. Ces travaux, ainsi que leur réception, posèrent la question centrale de savoir quelle était l’importance relative des facteurs économiques par rapport à d’autres types d’influence (les normes sociales, par exemple).

Dans la section V.1, nous montrons que l’émergence de la théorie économique de la famille s’effectua dans un contexte historique et scientifique reconnaissant l’importance des déterminants économiques dans les comportements familiaux. Nous montrons qu’elle fournit un cadre d’analyse apportant des réponses au débat sur la politique d’intervention publique dans les années 1970 et 1980. Dans la section V.2, nous étudierons le débat concernant la place des forces économiques dans la détermination des comportements relatifs à la famille par rapport à d’autres influences. Pour Becker et d’autres encore, la théorie de la famille illustrait le caractère universel des forces économiques.