B – Le cadre institutionnel et politique accompagnant les politiques culturelles

L’avènement des loisirs en France est inséparable des formes de la politisation de la culture et de l’investissement de l’Etat dans l’organisation des loisirs au cours de la seconde moitié du XXe siècle. La grande consommation est reconnue comme un moteur de la croissance économique. L’apparition de matériels et de produits audiovisuels de plus en plus accessibles et leurs pratiques individuelles et familiales ont eu comme conséquence un investissement croissant consacré par les foyers exprimant, en particulier, leur identité et leur statut social. René TEBOUL définit le système des loisirs comme modèle intégrateur de consommation qui fonctionnerait «comme un appareil plus ou moins efficace d’intégration sociale : il faut une adhésion forte de la part de la population pour qu’un tel modèle s’impose. Ce modèle s’appuie sur une hiérarchisation plus ou moins signifiée des loisirs qui place la culture en son sommet. Ce modèle s’accompagne de l’apparition d’une « instance critique » qui produit le jugement et fixe les normes de goût en la matière » 64 . Il précise que ce schéma ne peut perdurer que si « l’ensemble du corps social se sent aspiré vers le haut, que si les classes inférieures de la société désirent imiter un modèle jugé supérieur de consommation » 65 . Selon ce point de vue, les loisirs, et les pratiques66 qu’ils impliquent, reconfigurent la place du sujet singulier dans la société.

Dans cette seconde moitié du vingtième siècle, l’articulation de la culture, de l’esthétique et des institutions aura été accompagnée par des textes juridiques, fondateurs de ce que l’on nomme aujourd’hui les politiques culturelles.

Aussi nous paraît-il essentiel de commencer par présenter ces grands textes et l’histoire des politiques culturelles nationales et internationales pour montrer deux antagonismes : d’une part entre libéralisme et politique d’Etat, et d’autre part entre libéralisme et exigences sociales.

Dans le cadre du F.N., il conviendra de montrer la contradiction entre le libéralisme affiché du parti, et son engagement en faveur d’une culture d’Etat qui serait chargée de l’expression et de la visibilité de l’identité nationale et de l’identité des acteurs du pouvoir. Nous estimons que ces deux conceptions engageant une tension entre le libéralisme et la promotion étatique de l’expression culturelle de l’identité nationale. D’autre part, le second antagonisme est une tension entre libéralisme et dimension sociale des politiques culturelles.

Nous souhaitons développer ces deux points, dans la mesure où ils sont, selon nous, emblématiques de la signification profonde de la politique frontiste. Il s’agit en effet de deux tendances qui sont à la fois fondatrices et significatives de l’identité politique du F.N.

Notes
64.

TEBOUL (2004), p.85

65.

Ibid

66.

Pour plus d’informations, nous vous conseillons la lecture des nombreuses études réalisées par le Département des Etudes et de la Prospective (D.E.P.) du Ministère de la Culture sur les pratiques culturelles des français. La majeure partie de ces études est disponible sur le site Internet du Ministère de la Culture.