2 – Le concept de « politiques culturelles publiques »

Nos recherches bibliographiques relatives aux politiques culturelles françaises ont permis de faire apparaître trois grandes lignes de l’intervention de l’Etat en matière culturelle. La ligne monarchique repose sur la conception de l’Etat-mécène. Le Pouvoir souverain entretient, protège, pensionne, organise les artistes. Ainsi il achète et passe des commandes. Cette ligne trouve sa place au sein des régimes libéraux et démocratiques au nom d’un volontarisme qui porte à prendre en charge les grands équipements. La ligne libérale est une application au champ culturel des « principes de 1789 ». Elle vise à un allégement des fonctions et à une décentralisation de la prise de décision. La ligne démocratique reprend sur le terrain culturel le projet civique des Lumières, fondé sur la confiance dans le progrès et la raison, la lutte contre le fanatisme au nom de la liberté de pensée. Guy SAEZ, dans Institutions et vie culturelle, précise que le rapport à la Société est au centre de toute politique culturelle. Et Raymonde MOULIN souligne le caractère contradictoire des démarches que l’Etat est amené à accomplir : « Garantir à l’artiste la sécurité sans porter atteinte à sa liberté, soutenir la création artistique sans l’influencer par des procédés d’autorité, avoir une grande politique artistique sans recourir aux impératifs d’un art officiel, dans une collectivité qui n’est pas unanime de sa représentation des valeurs, c’est une entreprise qui est sinon impossible, du moins d’une exceptionnelle difficulté » 79 .

Les différentes définitions de la notion de politique culturelle et l’analyse de ces politiques nous conduisent à opposer ici deux approches des politiques culturelles : celles qui font de la culture une médiation donnant du sens à la politique, et celles qui font de la culture un outil de propagande au service d’un régime. Le Front national se situe dans cette seconde approche dans la mesure où, comme nous le développerons ultérieurement, il s’est publiquement manifesté pour la mise en œuvre d’une véritable « guerre culturelle »80.

Notes
79.

MOULIN (1989)

80.

Cette expression a été développée par Bruno MEGRET, lors d’une conférence, organisée le 21 novembre 1987, intitulée, « Le combat culturel. La culture comme colonne vertébrale de la nation».