3 – 1 – Les politiques culturelles comme activité économique

Les politiques culturelles sont là pour occuper une certaine place dans l’espace économique et financier, comme activité économique, et en particulier sous la forme des industries culturelles.

Déterminant la mise en oeuvre d’une politique culturelle, les enjeux économiques dépendent du contexte géographique, sociologique et financier de l’institution concernée. L’ouvrage Jalons pour l’histoire des politiques culturelles 87, nous donne pour illustration, l’exemple du projet de création du théâtre de St-Omer (Pas-de-Calais). Dans ce contexte précis, divers éléments tels que le taux de chômage de la commune et du département, le déficit en matière d’équipements culturels, le déficit financier de la commune suite au patrimoine culturel qui nécessite des fonds importants, ont légitimé le refus de l’équipe municipale de réaliser ce projet. Cet exemple illustre parfaitement le rôle capital du contexte économique et social dans l’élaboration des politiques culturelles, influant notamment sur les choix politiques, cela avant même que soient présentés les choix esthétiques.

Dans les années 1980, la culture a été un vecteur important du libéralisme par l’émergence et l’accent porté sur les industries culturelles. L’idée de l’époque est la volonté de développement des institutions culturelles en entreprise. Elles ont ainsi recours à des structures de gestion, à l’informatique, au marketing culturel. Les organismes culturels doivent favoriser les intérêts du public, c’est pourquoi les spectacles doivent répondre à ses attentes qui sont déterminées par des études marketing. Le paradoxe de cette nouvelle organisation de la culture réside dans l’instauration de logiques marchandes dans un domaine dominé par des instances publiques.

À partir de 1981, la culture est considérée comme une véritable activité économique : l'aide aux entreprises culturelles est l'une des priorités des gouvernements. Ainsi, dès sa nomination, Jack LANG accompagne François MITTERRAND dans des voyages diplomatiques et se rend à l’UNESCO où il défend la conception française d’«économie mixte culturelle», qui suppose une large intervention de l’Etat et la préservation d’un secteur artistique subventionné. Dans l’esprit de Jack LANG, et pour reprendre l’une des ses expressions, « Culture et économie, même combat ». Le Ministre de la culture estime que la création serait victime de la mondialisation mais qu’en même temps, elle va permettre de vaincre la crise internationale. En effet, l’une des priorités de Jack LANG a été la résistance contre l’impérialisme financier qui proposerait une culture pour tous et agirait ainsi sur les consciences en développant une pensée commune. Selon lui, la création devrait constitue un moteur économique, influant les énergies, en libérant les forces d’invention, l’imagination, etc…

La représentation de l’économie dans les discours du F.N. peut être illustrée par la définition suivante –issue du programme culturel de 1995 : « La « culture » au sens actuel, n’est absolument pas le produit d’un ordre qui vise l’excellence. Elle ne fait que consacrer la valeur économique ou conjoncturelle de pratiques individuelles ou collectives à prétentions intellectuelles ou artistiques» 88 . L’alliance entre économie et culture peut être abordée différemment selon que l’on utilise l’économie pour les messages qu’elle peut transmettre, ou bien que l’on se met à exiger de la culture qu’elle produise des retombées positives pour qu’elle mérite d’être financée. Le F.N. est pour le financement de la culture par des fonds privés. « Pour éviter que l’art ne soit exclusivement entre les mains de l’Etat, il convient d’encourager largement la générosité privée » 89 . L’emploi du terme « générosité » présente la culture comme une mendiante qui serait parrainée par le secteur privé que ce soit des entreprises, de grands groupes financiers, des fonds d’investissements, des fondations, des mécènes. Cela peut entraîner le risque que les œuvres d’art soient prioritairement évaluées selon leur valeur marchande potentielle.

Notes
87.

Ibid

88.

FRONT NATIONAL (1993), « « Civilisation » ou « culture » ? »

89.

Ibid