1 – Le « volontarisme politique »

Les partis politiques se sont appropriés tardivement les questions relatives aux politiques culturelles. En 1971, le Parti Socialiste (P.S.) se dote d’un projet culturel puis, dès 1973, d’un « secrétariat à l’action culturelle » chargé d’élaborer un texte d’« Orientation générale d’une action politique culturelle »115 qui va marquer un glissement de la démocratisation vers la démocratie culturelle. La ligne directrice de ce texte était la suivante : « La culture globale que nous souhaitons développer doit être une culture pour tous, au service de tous. Mais il faut aussi que ce soit une culture par tous ». Il faudra ainsi attendre près d’une vingtaine d’années après l’instauration d’un Ministère de la culture pour qu’un parti politique, en l’occurrence le parti socialiste, admette qu’« il existe dans ce troisième tiers du siècle, des raisons objectives de l’irruption de la culture dans le politique : un grand parti doit donc donner à la politique sa dimension culturelle, et pour cela reconnaître la dimension politique de la culture. » 116

En 1975, l’U.D.R.117 publie un texte programmatique, Pour la culture, qui reconnaît la dimension culturelle de l’action politique. Pourtant, peu de place est accordée aux questions culturelles dans les différents programmes des partis gaullistes118. Il faudra attendre la défaite de 1981 et l’importance qu’accorde François MITTERRAND à la culture, pour que Jacques CHIRAC et le R.P.R. développent un véritable programme culturel. Or c’est notamment ce manque d’intérêt et d’implication face aux questions culturelles qui justifie l’intervention de l’Etat pour pallier notamment d’éventuels déséquilibres locaux. Cette idée est soutenue par Pierre MOULINIER qui précise que la non-intervention de l’Etat prendrait acte de l’inégalité des volontés politiques et reconnaîtrait ainsi le « droit à l'inaction ». Ce que Pierre MOULINIER et Jacques RIGAUD ont voulu relever, c’est le caractère fondamental de l’engagement des acteurs politiques dans la mise en place de politiques culturelles. Que ce soit sous l’égide de l’Etat, des services publics décentralisés, ou des collectivités territoriales, l’action culturelle dépend, en grande partie, des acteurs politiques et de la façon dont ils conçoivent les enjeux culturels. Et par ricochet du budget qui leur est accordé. Sans l’intervention de ces institutions publiques, le champ culturel devrait exclusivement se tourner vers le mécénat privé, ce qui impliquerait un bouleversement complet des « règles du jeu ».

Notes
115.

Ce texte fut rédigé à l’occasion et dans le cadre du programme socialiste, « Changez la vie », pour l’élection présidentielle de 1974 à laquelle François MITTERRAND a frôlé la victoire dès le premier tour.

116.

Ibid

117.

En 1968, l' U.D.R. (Union pour la défense de la République) succéda à l'Union pour la Nouvelle République (U.N.R.), parti politique français fondé en octobre 1958 et destiné à soutenir l'action du général Charles de Gaulle, revenu au pouvoir au mois de juin. Après les élections des 23 et 30 juin 1968, elle se modifia en Union des démocrates pour la République . L’U.D.R. fut finalement remplacée, le 5 décembre 1976, par le R.P.R. (Rassemblement Pour la République) crée par Jacques CHIRAC, ancien Premier Ministre de Valéry GISCARD D’ESTAING.

118.

Pour information : « Propositions pour la France » (1977), « Programme dit de Blois » (1978) et « Atout France » (1979).