Conclusion

La politique culturelle consiste dans le développement d’activités par le financement des acteurs culturels, c’est-à-dire dans la constitution d’un ensemble d’actions culturelles. L’obligation de résultat dont dépend la reconnaissance des acteurs politiques passe par ce que FRIEDBERG ET URFALINO ont nommé « le jeu du catalogue »169 et par le pouvoir décisionnel qui en incombe. Pour ces deux auteurs, « l’étude sociologique d’une politique publique passe par l’étude des caractéristiques propres du champ [il s’agit d’un champ d’acteurs], c’est-à-dire par la mise en évidence des mécanismes d’interaction et d’échange prévalant entre les acteurs, des équilibres de pouvoir et des enjeux qui les sous-tendent et des modes de régulation qui en « organisent » le déroulement. » 170

Tout projet artistique nécessite la collaboration de multiples acteurs. La médiation culturelle implique l’existence et la reconnaissance d’un langage commun, ainsi que la nécessité de croiser des objectifs. Le langage est construit pour se libérer de l’emprise du réel, c’est-à-dire éliminer du refoulement. Ainsi, le langage et donc, les politiques culturelles, sont là pour construire le rapport à la société. La création artistique est une construction symbolique du rapport à la société. Selon Bernard LAMIZET171, « [l]e langage est une médiation nécessaire aux hommes, car il est la seule manière, pour eux, de se représenter, dans le même procès de rationalité, le monde et l’image de leur propre inscription dans le monde». Dans le cas de l’idéologie frontiste, le langage n’est porteur que de normes et valeurs valorisant l’identité nationale. Et cette règle s’applique au programme culturel du parti. Le langage ne serait qu’une contrainte supplémentaire pour les acteurs de la médiation culturelle en ce sens où il impliquerait intrinsèquement la mise en œuvre de politiques culturelles nationales. Ainsi, les valeurs d’universalisme et de liberté de création, propres à la philosophie des Lumières et sur lesquelles, entre autres, est régi l’Etat français, n’auraient plus leur place, selon le F.N., dans le champ culturel.

Nous venons de présenter une synthèse de l’histoire des politiques culturelles françaises depuis la création du Ministère des Affaires culturelles, ainsi que les différents textes législatifs français et européens qui sont consacrés à la culture. Cette partie nous a permis de rappeler les principes démocratiques sur lesquels repose la culture.

Les services publics culturels ont pour mission d’encourager l’innovation, de bousculer les conformismes, de favoriser les formes nouvelles de création. La vie culturelle est avant tout une affaire de citoyenneté et elle est un droit essentiel.

Avant même d’analyser le programme culturel du Front national et ses applications dans les villes dirigées par des maires issus du parti, nous pensons qu’il est nécessaire de définir la notion d’« identité » dans notre champ d’étude. Cela nous paraît d’autant plus important que toute l’idéologie du Front national repose sur l’« identité ».

Notes
169.

FRIEDBERG et URFALINO (1984)

170.

Ibid, p.55

171.

LAMIZET (1998), p.44