Le Front national porte une attention particulière à son identité culturelle en renforçant les croyances des militants par l’idée d’une nation soudée par les mêmes traditions et les mêmes valeurs, mais aussi par l’idée d’une menace qui pèserait sur cette nation. « Nous subissons un assaut culturel et notre identité fait l'objet d'une véritable agression» ²⁰¹ .

L’identité politique du F.N. peut se définir, selon nous, par cette forme obsessionnelle qu’est la menace. Selon cette même logique, l’Article 3 des statuts du F.N. précise que : « […] le Front national défend la souveraineté nationale et l'indépendance de la Nation ». Le F.N. revendique ainsi la nécessité d’un combat pour la « renaissance de la France »²⁰². Ce thème est, selon nous, une composante du culte de la nation, en ce sens le terme « nation » (nascere) signifie l’ensemble des personnes qui sont nés au même endroit. Il symbolise donc cette idée d’une nation agressée pour laquelle le Front national, en tant que parti d’opposition, revendique une « renaissance », notamment par un retour aux traditions et aux valeurs qui ont participé à sa souveraineté. La conception de la nation présente dans la culture du F.N. est une conception fantasmée et obsessionnelle de l’identité. En effet, les revendications du F.N., au nom de la défense et de la promotion d’une identité nationale, telle que la « préférence nationale » et la « valorisation d’une culture nationale », sont, selon nous, de l’ordre de l’obsessionnel et participent de l’idée d’une nation souveraine par ses origines mais victime de multiples agressions.

Brigitta ORFALI a montré dans son analyse des « mécanismes de l’adhésion » au Front national, que « l’identité nationale implique la notion d’opposition à tout ce qui est extra-national, étranger, importé, et véhicule une représentation dichotomique de la société qui s’articule autour du couple bien/mal ».²⁰³ Aussi, en réponse aux multiples agressions qui menaceraient la nation, la politique de « renaissance culturelle » que le parti projette de mettre en oeuvre est définie comme « l'affirmation d'une culture enracinée capable de résister aussi bien à l'offensive culturelle qu'a lancée contre nous l'Amérique qu'à la pseudo culture cosmopolite » ²⁰⁴ . Bruno MEGRET estime que « [n]ous subissons un assaut culturel et [que] nous sommes engagés dans notre perte d’identité donc notre aliénation et notre fin » ²⁰⁵ . La promotion de la « renaissance culturelle de la France » représente ainsi une composante de la mission de défense du peuple et de la nation que le parti s’est attribué. Pour le Front national, la culture est intrinsèquement liée au peuple puisque c’est elle « qui fait que nous ne sommes pas une simple masse d’individus mais une authentique communauté » ²⁰⁶ . La culture permet aux yeux du F.N. de valoriser l’identité nationale et de promouvoir le concept de « communauté » auquel il est attaché, et qui est symbolisé par l’utilisation du « nous ». Le peuple, dans le champ culturel du F.N., est une « communauté » regroupée autour de valeurs partagées. Jean-Marie LE PEN, dans son ouvrage Pour la France, précise que pour le Front national, « l’identité culturelle […] met en forme une nation et donne un sens à la vie d’un peuple » ²⁰⁷. L’identité culturelle du F.N. se décline, selon nous, en trois composantes majeures : l’identité de la France, l’identité du peuple français et l’identité du citoyen français.