1 – Le Complot

La théorie du complot élaborée et mise en œuvre par le F.N. constitue une sorte de métalangage politique en ce sens qu’elle est une modalité d’appréciation de la vie politique. Le métalangage du discours politique du F.N. caractérise l’engagement des pratiques sociales dont sont porteurs les énonciateurs de ce discours.

Par le vocable de « complot », le parti entend caractériser la vie politique et l’espace public en général. En effet, cette thématique représente la situation symbolique du F.N. dans l’espace public : il se trouve, selon lui, à la merci de tous les complots dirigés contre lui par les acteurs politiques légitimes. Lors du congrès annuel du Front national qui s’est tenu à Strasbourg du 29 au 31 mars 1997, Jean-Marie LE PEN s’est longuement exprimé sur ce sujet : « la France est soumise à la domination d’un réseau croisé de pouvoirs et d’influences contradictoires qui l’exploitent sans vergogne et la paralysent. Toutes les forces sont coalisées contre le Front national. Elles sont baptisées par nous Etablissement par référence à l’Etablissement britannique mais on pourrait aussi bien le nommer Système ou Maffia ».

Une telle théorie renforce la dimension proprement populiste du F.N. car elle met en situation de victime des acteurs et des institutions légitimes de l’espace politique. Le complot est destiné à rejeter le F.N. hors de l’espace public, ce qui lui confère une aura de persécution.

Nous avons recensé dans notre introduction trois expression de la thématique du complot, exposées par le Front national, qui font partie intégrante de l’imaginaire frontiste : le complot des autres partis politiques contre le F.N., celui des « grands » contre les « petits »282, et celui des médias. Tous les trois sont déclinés dans les discours et les programmes traitant de questions culturelles.

Notes
282.

Comme le rappelle Pierre MILZA dans l’ouvrage collectif Les cultures politiques en France, Maurice BARRES est à l’origine d’un projet de rassemblement fondé « sur la défense des « petits » contre les « gros », sur la prise en compte de tous ceux qui n’ont pour eux que leur enracinement et leur qualité de Français », Op. Citée, p. 331.