Conclusion

La culture ne représente peut-être pas la préoccupation majeure des français, mais elle témoigne du principe de liberté sur lequel repose notre démocratie. Liberté d’action tout d’abord dans la mesure où nous sommes libre de pratiquer ou non une activité culturelle, liberté de temps puisque cette pratique peut être engagée selon une fréquence propre et qu’elle peut témoigner d’une période spécifique, liberté spatiale puisque les lieux de l’art sont multiples.

En France, l'intérêt d'une politique de développement culturel -en matière d'enseignement, de création, de diffusion- est aujourd'hui reconnu par tous les élus et à toutes les échelles, du national au municipal, et ce développement est encouragé et soutenu -à divers degrés- par tous.

Les lois DEFFERRE de 1982-1983 ont permis au Front national d’investir le champ culturel et de bénéficier d’une liberté d’intervention, de sélection et de décision quasi-absolue.

Les victoires électorales du F.N. et les événements qui vont suivrent nous ont amenée à nous à poser diverses questions : les actions mises en oeuvre constituent-elles un laboratoire d’essai et d’application du programme national ? Ou sont-elles le reflet d’un flou artistique plus ou moins maîtrisé ? Existe-t-il réellement une identité culturelle propre au Front national ou ne s’agit-il en fait que de l’application d’un programme sur le seul champ (la culture) et terrain (les collectivités locales) d’intervention possible ?

Au regard du programme culturel du Front national et des discours émanant de quelques dirigeants, les créations artistiques soutenues par le Front national viseront à exalter « la civilisation » au nom de la sauvegarde de la nation.

Fidèle à sa théorie du complot, le Front national a développé depuis sa création un véritable réseau de sympathisants dans la majeure partie des professions afin de renforcer cette idée de communauté en jouant sur l’idée d’une « contre-société » dont Jean-Marie LE PEN serait le guide spirituel. Cette « contre-société » serait au-dessous des gouvernements et qui combattrait au nom du peuple pour la défense de l’identité nationale. « [N]ous avons décidé d'ajouter un volet à notre activité, celle du pré-gouvernement. Cet organisme […] regroupera, autour de secrétaires nationaux à chaque activité gouvernementale, une cellule chargée de l'étude approfondie des problèmes, le contact permanent avec les administrations, les organisations professionnelles et syndicales. » 336 Pour pouvoir définir l’approche supranationale revendiquée ici par le F.N., nous avons été amené à analyser un des aspects de ses politiques culturelles, à savoir l’expression symbolique, langagière et esthétique de son identité politique.

Nous avons ainsi défini les composantes de l’identité du Front national et de son expression culturelle en nous basant sur les quatre stratégies d’identification proposées par Malek CHEBEL 337  : identité fictive, identité concrète, identité complexe et identité mythique. Ainsi, à partir de ces différentes stratégies d’identification, nous avons établi l’existence d’une dimension paranoïaque de l’identité politique du F.N.

Nous souhaitons, dès à présent, poser le questionnement suivant : Comment le Front national a-t-il appliqué, sur le terrain, son idéologie « ethniciste » et son identité politique, telle qu’elle apparaît notamment dans le programme culturel du Front national ?

Aussi, nous allons présenter, dans la troisième partie, l’analyse d’actions mises en œuvre par le Front national dans le champ de la médiation culturelle.

Notes
336.

Discours de Jean-Marie LE PEN lors des 17ème Fêtes des Bleu-Blanc-Rouge en 1997.

337.

CHEBEL (1997), p.152 : « Nous entendons par « stratégie », la volonté explicite d’un individu de disposer d’un capital de signes constants et de n’user que d’un ou de plusieurs d’entre eux séparément en vertu de l’avantage réel ou symbolique que cet usage lui procure dans les diverses situations de sa vie. »

Ces quatre stratégies sont définies en Annexe n°9.