Troisième partie : Les actions culturelles du Front national mises en œuvre entre 1995 et 1998 lors de l’exercice effectif du pouvoir

Introduction

Avant toute chose, nous avons choisi de présenter les politiques culturelles du F.N. à travers les différents programmes électoraux et les écrits qui leur sont liés, et à travers les différents discours des dirigeants du parti. Nous analyserons aussi leur sens à travers leur mise en oeuvre par les collectivités locales et territoriales qui sont passées dans les mains du parti durant la période étudiée. Nous avons ainsi limité notre terrain d’étude aux villes de Vitrolles, Marignane, Toulon, et Orange. Ce choix se justifie dans la mesure où ces villes constituent toujours à ce jour, l’unique exemple de politiques mises en oeuvre par le Front national dans le champ politique et culturel.

De 1983 à 2002, les scores croissants réalisés par le parti de Jean-Marie LE PEN lui ont permis d'obtenir des sièges à l'Assemblée Nationale, de remporter les mairies de quatre grandes villes du sud de la France, de gagner des sièges au sein des Conseils Régionaux par le biais d'alliances passées avec la droite, et plus récemment de parvenir au second tour des présidentielles de 2002. Orange, Marignane, Toulon, puis Vitrolles ont ainsi constitué un double laboratoire d’analyses : d’un côté le F.N. a eu l’occasion de mettre en application son idéologie et son programme tout en ne cessant pas de développer l’idée d’un complot à son encontre ; et d’un autre côté, ces quatre villes sont devenues un terrain d’analyses et de recherches pour de nombreux journalistes, universitaires et politologues.

Les élections municipales de 1995 semblent aujourd’hui révélatrices des faits d’armes du F.N. en matière culturelle. Les villes investies auront été un terrain pour le parti qui, sous l’impulsion d’une sur-médiatisation nationale et internationale, aura tenté de mettre en place une politique culturelle, symbole de l’idéologie frontiste338.

La culture, structurée et instituée par le pouvoir des acteurs politiques qui ont participé à son essor exprime leur identité. Et c’est en prenant conscience de cette réalité que les partis politiques ont toujours été sensibles au pouvoir de la culture dans le champ des institutions. Dans notre seconde partie, nous avons montré le lien entre la médiation culturelle et l’expression des identités politiques, en particulier dans le cas de l’identité d’acteurs articulant leur identité, leur culture et l’exercice de leur pouvoir.

L’action culturelle rythme l'espace social et exprime l'identité politique.Elle favorise également l’expression des habitants et leur activité de représentation et de communication.

Notre objectif est d’analyser les actions culturelles mises en œuvre par le F.N. et de montrer en quoi elles expriment l’identité politique du parti ; cela nous permettra également de déterminer si elles permettent aux habitants des quatre villes concernées d’exprimer leur citoyenneté dans l’espace de la sociabilité.

Nous estimons qu’il convient d’analyser des politiques culturelles mises en œuvre par le F.N. afin de déterminer si elles sont en adéquation avec les programmes du F.N. qui découlent, eux, de son statut de parti de contestation et non de pouvoir.

Dans cette perspective, nous souhaitons comprendre, penser, et analyser les projets culturels du F.N. et les politiques culturelles qu’il met en œuvre, afin notamment de mieux comprendre les dynamiques de reconnaissance.

Notes
338.

Nous tenons à préciser qu’aujourd’hui, en 2008, aucune ville française n’est administrée par le F.N. (Jacques BOMPARD, actuel maire d’Orange, ayant quitté le F.N.), ni aucune région. Aussi, notre analyse se fait avec le recul du temps et la distance de la réflexion.