2 – « Promouvoir et défendre la langue française »

Afin de répondre à ce principe, le F.N. souhaite investir plusieurs champs d’action : la lecture, la recherche scientifique, les langues et cultures régionales, le théâtre ; cela afin de « protéger la langue française dans notre pays », et de la « promouvoir […] dans le monde ».

« La langue constitue l'une des principales formes d'expression de l'âme d'un peuple. Il conviendra donc de veiller à développer tout particulièrement la langue française tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de nos frontières » 361. Le patrimoine linguistique français constitue un aspect essentiel du programme culturel frontiste dans la mesure où c'est par les mots que l'on peut mobiliser le peuple. Nous estimons que ce n’est pas cette politique linguistique qui est propre au F.N. mais son lien avec les autres aspects définissant la culture. En effet, cette citation extraite du programme de 1993, renvoie à deux points particuliers : la relation entre la culture et l’âme d’un peuple, et celle du développement de la grandeur de la France par la défense et la promotion de sa langue.

La relation entre la culture et l’« âme d’un peuple » est présente dans de nombreux textes du F.N., notamment dans l’ouvrage collectif Une âme pour la France dans lequel Bruno MEGRET rappelle que selon le F.N., « [l]a culture est ce qui compte le plus pour donner à un peuple son identité, c’est elle qui lui donne son âme » 362 . La référence à l’âme, telle qu’elle est exprimée par Bruno MEGRET, montre une approche vitaliste363 de la culture et constitue un principe immanent de son identité politique. Le développement de la langue française est ainsi perçu comme un principe vital du peuple, ce qui participe aussi bien de la logique de défense la nation défendue par le F.N., que de celle du déclin de la nation imposée par les « ennemis » du peuple. Cette approche vitaliste exprime une forme d’animisme exercée par le parti dans sa définition de la culture.

Notes
361.

FRONT NATIONAL (1993), 5e proposition, « Protéger la langue française dans notre pays »

362.

MEGRET, in LE PEN (1987), p.101

363.

Le principe vitaliste est une composante du nationalisme français, notamment depuis Maurice BARRES (1862-1923). Il exprime une volonté d’animer l’univers, que BARRES nomme l’énergie, l’inconscient, et atteste la soumission à la loi de la nature, le désir d’apprivoiser l’altérité.