1 – Vitrolles

Vitrolles, ville de 37 760 habitants en 2002, s’est développée à la fin des années 50 suite à l’expansion du port autonome de Marseille et d’un bassin industriel qui s’est créé autour. « Ville nouvelle » construite grâce notamment à des subventions de l’Etat pour pallier au refus d’expansion et de subventions des maires des circonscriptions voisines, Vitrolles voit sa population augmenter considérablement ce qui provoque un rapide développement urbain majoritairement composé de H.L.M. et de petites résidences. Depuis 1977, Vitrolles a été administrée par le parti communiste -Pierre SCELLES, maire de 1977 à 1983-, et par le parti socialiste -Jean-Jacques ANGLADE, maire de 1983 à 1997-.

Parachuté dès 1992 dans les Bouches-du-Rhône dont il fut tête de liste de la région P.A.C.A. lors des élections régionales, Bruno MEGRET a longtemps hésité dans le choix de sa cible entre les villes de Martigues ou de Vitrolles. Ce n'est qu'en décembre 1993 qu'il choisit son point de chute : le F.N. réalise des scores élevés -déjà 20 % en 1984- à Vitrolles.

La campagne ne commence véritablement qu'en 1994, soit un an avant l'élection. Outre le renfort d'Anne-Marie CHARLOT, Chargée de communication, et d'Hubert FAYARD, Chargé des affaires courantes et de l'intendance, le journal Allez Vitrolles sera l'un des fers de lance de la conquête frontiste. Ce journal, distribué dans toutes les boîtes aux lettres de la ville, dénonce notamment la « gestion frauduleuse » du maire sortant Jean-Jacques ANGLADE.

Le 11 juin 1995, Bruno MEGRET sort vainqueur du premier tour avec 43,05 %, mais une importante mobilisation militante et médiatique de l'entre deux tours permettra au maire sortant de conserver son siège. Le candidat frontiste maintiendra la pression par le biais de son journal, et par le matraquage des colleurs d'affiches. Un face à face incessant va s’engager entre les deux parties durant plus d’un an. À la suite de rumeurs de fraudes électorales, le Conseil d'Etat va intervenir à la fin de l’année 1996. Le 18 décembre 1996, cette instance va décider d'annuler l'élection municipale de Vitrolles pour dépassement des frais de campagne de Bruno MEGRET, et rendra un verdict d’inéligibilité pendant un an à son encontre.

Pendant les dix-huit mois qui vont précéder l'élection partielle, Bruno MEGRET va mettre en place un dispositif stratégique : un service de renseignement composé de militants frontistes va infiltrer l'équipe du maire sortant car « en termes de bataille, il faut connaître les manoeuvres de l'adversaire ».

Au cours des cinquante derniers jours de campagne, cinquante-six tracts électoraux favorables à la candidature de Catherine MEGRET, tracts anonymes qui plus est, ont été recensés par de nombreuses associations anti-F.N. Suivront six éditions du journal Allez Vitrolles durant la même période et l'existence de 14 tracts qui ne sont pas des documents électoraux.

Cette stratégie de campagne va aboutir, le 12 février 1997, à l’élection la liste de Catherine MEGRET avec près de 53% des voix au second tour.

Le programme électoral du F.N. pour la ville de Vitrolles se déclinait autour de plusieurs revendications : « plus de sécurité », « moins d’impôts », « plus de démocratie », « la préférence nationale », « le réenracinement dans son identité provençale », « le soutien au développement économique » « une culture et des animations pour tous », et « du sport à tous les niveaux »395.

La culture était présente au sein de deux grands pôles d’actions : « le réenracinement dans son identité provençale » et ce que nous requalifierons de libre accès à une culture populaire folklorique.

Notes
395.

Après l’élection de Catherine MEGRET, la municipalité a repris mots pour mots ce programme et la présenté sur son site Internet.