2 – Orange

Orange, ville inscrite au répertoire des monuments mondiaux de l’UNESCO, comptait, en 1990, 26 964 habitants et 27 989 en 1999396. La population de la ville est composée de commerçants, de militaires et de gendarmes du fait de la présence d’un escadron de gendarmerie mobile et de membres de la Légion étrangère. Tout comme la ville de Vitrolles, Orange est considérée comme une ville-dortoir pour les employés des sites nucléaires de Pierrelatte et de Marcoule. La majorité des habitants résident dans des petits lotissements et des villas, répartis dans de nombreux quartiers périphériques entourant un vieux centre-ville provençal. Le tissu industriel est quasi-inexistant -hormis l’usine de Saint-Gobain-, et la population est désertée par les jeunes qui partent faire leurs études à Avignon, Marseille ou Aix-en-Provence.

Le Front national est implanté depuis longtemps dans la ville, en la personne de Jacques BOMPARD, chirurgien-dentiste de formation, qui a créé la section F.N. du Vaucluse dès 1975, et est devenu député, en 1986, grâce au scrutin proportionnel. Membre du Bureau politique du F.N., il est considéré par ses pairs comme un homme de terrain qui a toujours œuvré pour une politique de communication axée sur la culture régionale. En effet, contrairement à Jean-Marie LE CHEVALLIER et Bruno MEGRET qui ont été « parachutés » dans leurs villes respectives, il connaît extrêmement bien la région et sa ville. Conseiller régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur -d’où il sera réélu en 1992 et en 1998-, il fut également conseiller municipal d'opposition à Orange depuis 1989 auprès de l’U.D.F.

À la tête d’une liste contenant environ un tiers de candidats frontistes, il récolte, dès le premier tour des élections municipales de 1995, 31,37 % des suffrages, devançant le maire socialiste sortant Alain LABE (25,75 %) et Michel DE BODANA (23 %), membre du R.P.R. Au second tour une triangulaire va permettre à Jacques BOMPARD d’obtenir 35,93 % des suffrages, ne dépassant Alain LABE que de 93 voix.397

Jacques BOMPARD398 est un homme politique qui a toujours « vogué » entre la droite classique et l’extrême droite. Jeune étudiant, il rejoignit les rangs du mouvement étudiant d'extrême droite Occident, puis adhérera aux Comités TIXIER-VIGNANCOUR, puis à Ordre nouveau.

La campagne de Jacques BOMPARD pour les élections municipales a essentiellement été essentiellement axée, quant aux questions culturelles, sur la dénonciation du projet de l'espace Clodius, ensemble médiathèque, salle de spectacle et centre culturel, dont la construction avait été programmé par l’ancien maire, et soutenue financièrement par le Ministère de la culture, par la D.R.A.C., et par le conseil régional P.A.C.A. Ce projet fut souvent qualifié de « surdimensionné » tant d’un point de vue architectural que d’un point de vue culturel, dans la mesure où la ville ne compte que 28 000 habitants. Jacques BOMPARD a argumenté sa campagne autour de la mise en œuvre de projets culturels dont la gestion ferait faire des économies à la ville et donc aux contribuables. Malgré toutes ces critiques et après la victoire de Jacques BOMPARD, l’espace Clodius a finalement ouvert ses portes car les travaux étaient tellement avancés que le maire se serait engagé dans un gouffre financier s’il s’était engagé à le détruire.

Après la victoire de 1995, le nouveau maire d’Orange nomme André-Yves BECK comme Directeur de la communication. Cet ancien responsable du Front national de la jeunesse à Grenoble, est un historien de formation qui a forgé sa culture politique dans les rangs des groupuscules d'extrême droite Troisième Voie et Nouvelle Résistance 399 . Malgré la nomination de Gilbert LAGIER comme adjoint à la culture, c’est André-Yves BECK, en tant que Directeur de la communication, qui interviendra au nom de la mairie, dans la plupart des interviews traitant de la politique culturelle municipale. Il fut également à l’origine de la politique de « droit de réponse » mise en oeuvre par la nouvelle municipalité pour contrecarrer les nombreux articles dénonçant la politique municipale. Outre son poste de Directeur de la communication, André-Yves BECK occupa ainsi des fonctions normalement attribuées à un directeur de cabinet et/ou à un conseiller technique.

Notes
396.

Source : I.N.S.E.E.

397.

En mars 2001, Jacques BOMPARD conservera son siège de maire mais échouera aux législatives de 1997 et de 2002 face à Thierry MARIANI.

398.

En Mars 2001, Jacques BOMPARD est réélu, conseiller municipal d'Orange (Vaucluse), et maire d’Orange (sa liste « Orange espoir » ayant obtenu 60 % des voix, soit la majorité absolue, dès le premier tour). Puis en novembre 2002, il sera élu conseiller général de Vaucluse dans le canton d'Orange-Ouest avec 54 % des voix. En septembre 2005, Il sera exclu du bureau politique du F.N. pour avoir, selon les uns, dénoncé le népotisme au sein du parti lors de l'université d'été à Orange en 2004 de son association indépendante du FN, l'Esprit public, ou, selon les autres, violemment attaqué son parti à de nombreuses reprises, avoir assisté à seulement 9 des 66 dernières réunions du bureau politique, et de vouloir prendre la présidence du Front national, ce qu'il réfutera et l’obligera à démissionner du parti.

399.

Troisième Voie fut une organisation nationaliste révolutionnaire tercériste française, née en 1985 de la fusion du Mouvement nationaliste révolutionnaire avec des dissidents du Parti des forces nouvelles.

Anti-américaine, anticommuniste et anti-sioniste, l'organisation Troisième Voie éclata après le rapprochement de son président vers le F.N. ; certains de ses membres fondèrent ainsi un nouveau mouvement politique nommé Nouvelle Résistance en 1991. Cette organisation refusait à la fois le capitalisme libéral et le communisme égalitariste, et prônait un socialisme à échelle continentale, un empire européen respectant les différences culturelles et ethniques, débarrassé du capitalisme destructeur des identités.

Lors de son troisième congrès, tenu à Aix-en-Provence en 1996, Nouvelle Résistance se transforma en l'Union des cercles résistance qui donna ultérieurement naissance au mouvement Unité radicale. (Source : Site Internet du Monde diplomatique)