B – Du programme aux actions

Investis de leurs nouvelles fonctions, les maires frontistes vont établir une politique qu’on pourrait qualifier de « rupture » des politiques culturelles actuelles par la mise en œuvre de personnels et d’organismes culturels propres. Le Front national s’obstine à mettre en place ses propres références. Le couple MEGRET, par exemple, revendique un régionalisme primaire, qui doit passer par une revalorisation du patrimoine provençal. « La culture d’une ville est constituée par ses institutions, ses artistes locaux, son histoire » s’emploie à prôner la nouvelle municipalité dans le journal Allez Vitrolles. Aussi, les traces d’une culture régionale doivent figurer dans tous les lieux et sur tous les monuments de la ville, afin qu’ils fassent partie intégrante de l’esprit local, mais afin surtout de développer des codes communs. « Redonner le pouvoir au peuple » tel fut l’objectif exprimé par les MEGRET.

L'exhortation de l'identité régionale par le Front national correspond à une tradition de droite, notamment en ce qui concerne la culture provençale (DAUDET, MAURRAS). Elisabeth DUPOIRIER, dans un article sur « les identités régionales », définit la notion de « région-territoire » comme un « lieu de mise en cohérence d’identités plurielles –historiques, culturelles- dont l’institution régionale veut être le gardien et/ou le promoteur » 406. À ce titre, les politiques culturelles se révèlent être « des outils importants de construction de l’offre identitaire » 407. Dans le cadre du F.N., l’accent mis sur la culture provençale correspond à la mise en valeur d’une identité de repli, d’une identité qui se ferme sur une communauté considérée comme spécifique.

Notre objectif est de présenter, à travers les actions les plus marquantes -c’est-à-dire celles qui ont connu l’assaut des médias et l’intervention du chef du parti-, la mise en oeuvre d’actions culturelles qui seront pensées comme un mode d’expression de l’exercice du pouvoir du F.N.

Notes
406.

DUPOIRIER (1998), p.193

407.

Ibid