1 – 3 – Les Subventions municipales

Bruno MEGRET, porte-parole de la mairie, déclare lors d'une réunion du conseil municipal, datant du 19 juin 1997, « [nous] voulons faire la chasse aux associations jugées partisanes et engagées, parasitaires et tentaculaires. La couverture globale des subventions municipales versées aux associations passe de 9 millions à 3,8 millions [de francs]» 422 . Pourtant, les choix d’attributions des subventions de la ville de Vitrolles répondent à une « logique partisane » visant à faire bénéficier, selon Renaud DELY, journaliste à Libération, « les fans du F.N. ». Certaines associations suivent la logique propagandiste développée par Bruno MEGRET, et favorisent l’expression d’une culture répondant aux valeurs de l’identité française : « [l]es subventions publiques seront accordées aux créations artistiques qui respectent notre identité nationale comme les valeurs de notre civilisation » 423. Ainsi, l’association Fraternité française, qui distribue vêtements, nourritures, jouets à des français démunis voit sa subvention passer de 0 à 30 000 francs. Deux autres associations bénéficieront de subventions municipales Roche avenir (10 000 francs contre 500) qui plaide pour une culture enracinée, et Culture en Provence (30 000 francs contre 0).

Ces trois associations sont proches du F.N., soit par les membres de leurs bureaux, soit par leurs actions : l’association Roche-avenir plaide notamment pour une culture enracinée.

L’exemple de Fraternité Française illustre parfaitement cette connivence entre le parti et les associations subventionnées par la municipalité.

Présidente depuis 20 ans de Fraternité Française 424 , Mireille d’ORNANO est membre du F.N. et conseillère régionale PACA depuis 1998. L’association possède quatre permanences, notamment dans les villes de Toulon et de Saint-Cloud. Selon les statuts de l’association du 14 novembre 1998425, « Fraternité Française a pour but d'organiser toute action de bienfaisance visant à venir en aide sur les plans moral, juridique, culturel, médical, matériel et alimentaire à toute personne et famille déshéritée ou dans le besoin exclue des systèmes de protection sociale, privée de logement et/ ou de ressources ou victimes d'actes arbitraires par suite des circonstances politiques, économiques ou sociales indépendantes de leur volonté. »

Cette association fait figure de porte-drapeau de l’idéologie frontiste en ce sens où elle a comme vocation la défense des « opprimés » français, des victimes de ce que le F.N. nomme « l’Etablissement ».

Le couple MEGRET a développé un réseau de sympathisants afin de les faire bénéficier de l’argent public et de mettre en œuvre des actions correspondant aux valeurs qu’ils défendent. La création et le développement d’association proches du F.N. ont permis la constitution d’un réseau que nous qualifierons de « para-municipales » dans la mesure où leurs membres étaient très souvent des militants frontistes. Pourtant, le budget alloué aux subventions fut réduit par la nouvelle municipalité de plus de 50 %, ce qui s’explique pour trois raisons principales. D’une part, le couple MEGRET s’est trouvé dépourvu de partenaires culturels prêts à accepter les subventions municipales, dans la mesure où la majorité des associations ont fait de la résistance face à la nouvelle municipalité. D’autre part, les associations dites « para-municipales » étaient peu nombreuses, tout comme leurs projets, ce qui a permis de réduire les dépenses culturelles. Enfin, le couple MEGRET a financièrement œuvré pour des postes censés correspondre davantage aux attentes des habitants : l’urbanisme, la sécurité, etc… En effet, il était important pour les MEGRET de mettre en œuvre des actions dont les résultats étaient rapidement et quotidiennement visibles.

Notes
422.

DELY, Libération, 20 juin 1997.

423.

FRONT NATIONAL (1993), 1ère proposition, « Restaurer la liberté d’expression et de création »

424.

Jany LE PEN en est depuis 2005 la présidente d’honneur.

425.

Ces nouveaux statuts modifient ceux déposés le 18 janvier 1996 à la Préfecture de l’Isère, lors de la création de l’association.