1 – 4 – L’appellation des voies et des espaces publics

Dès son arrivée à la mairie, Catherine MEGRET exprime sa volonté de rebaptiser la ville et de lui donner le nom de « Vitrolles-en-Provence » afin de symboliser les traditions et les valeurs propres à cette ville.

Malgré le refus de la Préfecture, en 1998, quant à la modification de l’appellation de la commune, la mairie maintient néanmoins ses choix et ne cesse de parler de « Vitrolles-en-Provence » dans ses discours. Elle évite simplement de le faire dans les documents administratifs officiels, mais l’utilise amplement dans toute communication orale et sur son site Internet426. Promouvoir l’image de la ville par l’instrumentalisation de la culture provençale, telle fut la clé de voûte de la culture frontiste. Le F.N. souhaite démontrer que la culture provençale est une culture authentique, naturelle, qui fait appel aux traditions et à « l’âme du citoyen ». Il s’approprie ainsi les « valeurs » des cultures régionales en les définissant comme sienne et en stigmatisant les politiques culturelles mises en œuvre par les conseils municipaux précédents.

Le changement de dénomination de la ville, « Vitrolles » devenant « Vitrolles-en-Provence », s’inscrit dans une politique de re-nomination des rues et places, et de création de rues.

Dans les pages du site Internet de la ville consacrée au « Programme d’actions prioritaires »427, la mairie justifie ces actions par la volonté de « réenraciner Vitrolles, aussi bien dans son histoire que dans son terroir » et d’affirmer « l’appartenance de la commune à une région qui nous est chère ». Le site rappelle que la nouvelle équipe municipale à souhaiter utiliser des noms de voies « fleurant bon la Provence ou reflétant des valeurs humanitaires patriotiques et héroïques » 428 .

Nous avons recensé sur le site Internet de la ville de Vitrolles, en juin 1999, que huit rues furent « rebaptisées ». Afin d’éviter toute réclamation et d’anticiper sur les critiques qui pourraient être émises, la mairie légitima certains changements de noms. Ainsi, l’Avenue François MITTERRAND prit l’appellation d’Avenue de Marseille car « vox populi, vox dei : consultés par référendum, les habitants de cette voie ont, à une large majorité (82 voix contre 8 et 40 abstentions), manifesté leur souhait de voir leur rue retrouver le nom qui était le sien depuis des décennies » 429 . L’application de ce « référendum » laisse sous-entendre que chaque habitant de la ville de Vitrolles pourrait être considéré comme « propriétaire » de sa rue. Le F.N. souhaite ainsi développer l’idée selon laquelle les vitrollais participeraient aux décisions municipales.

Par ailleurs, dix nouvelles rues ont été baptisées par la nouvelle municipalité dont, à titre d’exemple, l’« Avenue du Vent et du soleil ». Ce nom fut justifié, par la mairie, par le fait que « Vent et soleil sont deux symboles forts de notre région, à la fois lumineuse et rude » 430 .

Notes
426.

En juin 1999, le site Internet de Vitrolles s’ouvre sur une page où apparaît une photo de la ville entourée du texte suivant : « Bienvenue à Vitrolles en Provence ».

427.

Ce programme regroupe cinq actions : « embellissement de la ville », « une ville plus agréable à vivre », « la propreté », « rendre les services municipaux plus efficaces », et « être au service de tous les Vitrollais ».

428.

Site Internet de la ville de Vitrolles, www.ville-vitrolles13.fr , 11 juin 1998, Page « Ré-enracinement dans l’identité provençale »

429.

Site Internet de la ville de Vitrolles, www.ville-vitrolles13.fr , 11 juin 1998, Page « Certaines rues sont rebaptisées… d’autres apparaissent ». Toutes les appellations sont citées en Annexe n°11

430.

Ibid