Le Centre culturel de Vitrolles a été le théâtre de nombreuses conférences. Guy KONOPNICKI dans son film « Bienvenue à Vitrolles »434 présentait celle d’une artiste frontiste ayant pour thème : « Art et politique, y a t il comme pour l’économie et le social, une troisième voie ? ». L’objectif de cette conférence était de démontrer que les pouvoirs de gauche comme de droite ont glorifié l’intellect contre l’affectif et contre le manuel. La plaquette de présentation de cette conférence rappelait que : «[…] la culture officielle jusqu’à présent est une culture de destruction de notre identité, elle ne parle pas à notre coeur, à notre sensibilité » 435 . Le F.N. déploie son réseau d’« experts» et de « théoriciens » dans le cadre de conférences servant de propagande à l’idéologie du parti en s’adressant à différentes cibles.
Le journal La Marseillaise, révéla également l’organisation d’un cycle de conférences organisées par l’association, subventionnée par la municipalité, Culture en Provence auquel participèrent notamment Pierre VIAL436, Eric ROBERT -rédacteur en chef de la revue Cartouches, publiée par le G.R.E.C.E.-, Philippe GIBELIN -ancien responsable du G.R.E.C.E. à Paris-, Jean HAUDRY -responsable de l’Institut d’études indo-européennes à Lyon et membre du conseil scientifique du F.N.-.
Ainsi, les politiques culturelles mises en œuvre à Vitrolles témoignent de ce que nous nommerons une « culture de folklore » qui s’inscrit dans l’idéologie défendue par la Nouvelle droite et le G.R.E.C.E. La conquête des esprits par le « combat culturel » a été conjuguée avec l’idée d’une suprématie de la civilisation européenne, faisant de Vitrolles ce que Christiane CHOMBEAU, journaliste au journal Le Monde, a nommé un « champ clos idéologique »437.
Ce film a été réalisé avec Thierry VINCENT dans le cadre d’une commande faite par la chaîne Arte en 1997. Guy KONOPNICKI avait pour objectif de présenter la politique locale F.N. à Vitrolles et d’y apporter un regard critique.
Nous montrerons dans la prochaine partie que la politique culturelle du Front national fait appel en grande partie à l’émotion.
En 1969, Pierre VIAL sera parmi les fondateurs du Groupement de Recherche et d’Etudes pour les Civilisations Européennes (G.R.E.C.E.). Durant près de quinze ans, il participera à la plupart des structures grecistes (de la troupe scout aux éditions, en passant par la formation des cadres et la direction de la revue Éléments). Professeur d’histoire médiévale à l’Université Lyon III, il est membre du Front national depuis 1988, date à laquelle il devient conseiller municipal de Villeurbanne. En 1999, lors de la scission du F.N., il suivra Bruno MEGRET au M.N.R. puis quittera le mouvement en 2001. En 2003, il se présentera aux cantonales de Villeurbanne sous l’étiquette F.N.
CHOMBEAU, Le Monde, 9 mai 1998