3 – Les Partis politiques

La mise en œuvre d’actions culturelles par le F.N. a fait prendre conscience aux élus, comme le souligne Jacques RIGAUD dans son ouvrage, Les deniers rêves 498 , de ce qu’au-delà de leurs inévitables divergences, « le développement culturel, partie intégrante du pacte républicain, justifiait un minimum de défense commune ». L’année 1998 aura été marquée par une forte mobilisation des politiques, notamment de la gauche, contre le F.N. De nombreux ateliers, débats et conférences furent organisés pour répondre à la fois aux politiques pratiquées depuis trois ans par des maires frontistes, mais aussi pour s’associer aux régions qui ont connu des alliances avec le Front national lors des dernières élections de mars. La presse nationale et régionale informa massivement de la tenue de ces manifestations afin de mobiliser une audience la plus large possible.

Ainsi le 19 juillet 1998, le P.C.F. organisa des rencontres à Avignon sur le thème « Faut-il toujours défendre la liberté artistique? ». D’autres manifestations suivirent à Paris, notamment à l'Institut supérieur des techniques du spectacle, où un colloque intitulé « Politique culturelle et région », fut organisé en présence de Ivan RENAR (vice-président de la Région Nord-Pas-de-Calais, délégué à la culture), Jean-Claude FALL (metteur en scène, directeur du Théâtre des Treize-Vents, à Montpellier), Max SCHOENDORFF (artiste peintre œuvrant et résidant en Rhône-Alpes), Henriette ZOUGHEBI (présidente de la commission de la culture en Région Ile-de-France) et Alain HAYOT (vice-président de la Région P.A.C.A., membre du Comité national du Parti communiste français).

Les participants à ces nombreuses manifestations citoyennes ont tous reconnu la nécessité d’instaurer un débat public national autour des politiques culturelles nationales. Les multiples actions culturelles mises en œuvre par le Front national ont suscité de nombreux débats, notamment quant au rôle de l’Etat dans le champ des politiques culturelles.

L’Observatoire de la Démocratie499, présidé par Jean-Claude DAURIAC, délégué national aux relations extérieures du Parti socialiste, lança notamment une campagne de signatures auprès des fonctionnaires de l’Etat et des collectivités territoriales pour appeler « à la plus grande vigilance sur les actions de l’extrême droite ». De nombreux élus, universitaires et présidents d’associations se rallièrent au comité de parrainage.

La mobilisation anti-F.N. prit son ampleur le 8 juin 1998, quelques semaines après les élections régionales, par l’intervention de Catherine TRAUTMANN, Ministre de la culture et de la communication, qui déclara lors d’une conférence de presse : « La tentative démagogique du FN d’opposer le peuple aux artistes et l’exhortation de l’intérêt patrimoniale contre la création nous renvoie à l’une des périodes les plus sombres de notre histoire ». Le Ministre lança ce jour même un appel à recenser et archiver, « tous les faits, toutes les déclarations portant atteinte à la liberté de création et de diffusion » 500 .

Notes
498.

RIGAUD (2001), p.65

499.

L'Observatoire de la démocratie est un club politique qui a près de 20 ans d'activité. Selon les informations recueillies sur son site Internet, « il s'appuie sur un réseau de plus de 5000 décideurs économiques, politiques, universitaires, hauts fonctionnaires et a accueilli des personnalités nombreuses et variées sur de nombreux problèmes de société, dans des centaines de débats, séminaires, colloques, à Paris et en province. Il se veut un espace de rencontre entre celles et ceux qui font de la "politique" et celles et ceux qui n'en font p as. […] Il milite pour l e respect et la promotion de la politique dont le pluralisme et la diversité des idées, convictions, engagements, restent la meilleure garantie démocratique. »

500.

Le Monde, 10 juin 1998