Conclusion

Le bilan des années 1986-1998 est porteur de sens. Les politiques culturelles mises en oeuvre dans les villes de Vitrolles, d’Orange, de Marignane et de Toulon auront permis de déceler des faiblesses juridiques quant à la protection des libertés civiques et de la culture. Mais elles auront également permis de rappeler que les collectivités territoriales sont des lieux de médiation qui participent à la socialisation et à la construction de l’identité. Les travaux présentés dans l’ouvrage Le sens de la ville, ont montré que « [l’art donne] à la ville et à l’urbanité la médiation esthétique de représentation qui, plus encore que comme des pratiques sociales et des modes de vie, les [constitue] comme véritable culture ; d’autre part, l’art [donne] naissance à une véritable médiation de la ville, désormais représentée par des pratiques et des stratégies d’information et de communication qui assureront sa visibilité » 502 .

Jusqu’en 1995, les politiques culturelles prônées par le F.N. étaient celles d’un parti de contestation du pouvoir. Les victoires aux élections municipales de 1995 et les alliances passées avec la droite lors des élections régionales de 1998 ont permis au F.N. d’élaborer et de mettre en œuvre des actions culturelles qui ont été l’expression de l’exercice d’un pouvoir local relayé par une sur-médiatisation nationale.

La référence incessante faite par Bruno MEGRET à Antonio GRAMSCI, illustre le fait que pour une partie du Front, « la conquête du pouvoir politique présuppose celle du pouvoir culturel » 503. Ainsi, afin d’obtenir la reconnaissance du peuple français, le parti de Jean-Marie LE PEN va apporter une attention soutenue à la représentation d’identités culturelles exprimant son identité politique. Comme l’a très justement soulignée Cécile BODET-DOCKES504, « l'opportunité que représente la politisation des actions municipales frontistes, impose à l'ensemble du mouvement une stratégie volontariste de l'action culturelle, inspirée d'Antonio Gramsci, au détriment de la position ultra-libérale et non-interventionniste de Jean-Marie Le Pen. » Les différentes actions culturelles mises en œuvre dans les villes administrées par le F.N. dans le courant des années 1995-98, orienteront le parti sur les directions à prendre quant à l’importance à accorder aux questions culturelles En effet, du fait de la sur-médiatisation accordée aux actions menées par les maires frontistes, le parti s’est retrouvé sur le devant de la scène politique et a ainsi pu tester l’application, sur le terrain, des théories gramsciennes.

Dans cette logique, les actions culturelles du Front national, mises en œuvre entre 1995 et 1998 lors de l’exercice effectif du pouvoir, expriment, selon nous, un idéal et un imaginaire politique sur lequel se fonde l’identité nationale.

Notes
502.

LAMIZET (2002), pp.61 à 62

503.

TAGUIEFF (1993), p 7.

504.

Dans la conclusion de son mémoire de D.E.A. de Sciences politiques à l’I.E.P. de Lyon.