1 – Dimension sociale de l’identité

Nous estimons que l’identité politique du Front national exprime une dimension sociale en ce sens où elle représente le peuple.

Le philosophe Giorgio AGAMBEN souligne l’ambiguïté sémantique du concept de « peuple » qui désigne d’une part «l’ensemble des citoyens en tant que corps politique unitaire» 517  ; d’autre part les pauvres, les déshérités, les exclus, les classes inférieures, l’homme du peuple, les quartiers populaires, etc. Le Peupleest non seulement un corps politique mais aussi une «multiplicité fragmentaire de corps besogneux et exclus» 518 . Le Front national va jouer sur cette ambiguïté en faisant croire qu’il s’adresse en priorité à tous ceux qui ont le sentiment d’appartenir à cette partie du peuple, constituée d’exclus.

La dimension sociale de l’identité est ainsi exprimée au travers des revendications culturelles du Front national, principalement dans sa volonté à défendre la culture populaire : « [à] la culture populaire, la vraie, partie de la civilisation qui découle de la vie quotidienne des individus dans un pays ou une activité réels […]» 519 . En confondant culture et identité nationale et culture et identités populaires, le F.N. pratique un amalgame qui lui permet de se légitimer et de se faire connaître sur les deux plans à la fois, par l’utilisation d’une rhétorique qui repose sur la confusion de identités.

Notes
517.

AGAMBEN (1995), p.39

518.

Ibid

519.

FRONT NATIONAL (1993), « « Culture de masse », « Culture branchée », « Folklore » »