3 – La danse

La danse est un domaine artistique peu considéré par le Front national, si l’on se réfère au fait qu’un seul texte officiel du parti en parle et qu’il est absent de tous les textes que nous avons étudiés.

Contrairement aux autres formes artistiques, aucun chorégraphe, aucun ballet ni même aucun danseur n’est cité par le F.N. que ce soit pour être critiquée ou pour promouvoir une manifestation, un artiste.

La danse est associée au chant et à la musique par le biais du solfège : « [l]’apprentissage du chant choral, […] de la musique instrumentale et de la danse, sera encouragé à partir du plus jeune âge. » 655 Les valeurs qui sont associées à ces trois domaines artistiques sont celles de la discipline, de la rigueur et de la perfection, ce qui pourrait correspondre à des valeurs militaires auxquelles se réfèrent fréquemment le F.N.

La danse, sans douter de sa dimension populaire ou régionale, n’est donc présentée que dans sa fonction pédagogique, par l’apprentissage, et non artistique. Le F.N., dans les textes, ne porte aucun intérêt spécifique à ce secteur culturel, si ce n’est pour qu’il sublime des valeurs chères au parti. Ainsi il n’hésitera pas, par le biais de ses élus au Conseil régional Rhône-Alpes, à refuser des subventions à plusieurs compagnies dans le cadre de l’organisation de l’édition de 1998 la Biennale de la danse de Lyon baptisée « Mediterranea ». Lors d’une séance plénière du conseil régional de Rhône-Alpes, le 28 juillet 1998, Pierre VIAL, vice-président FN de la commission culture656, est intervenu pour dénoncer le thème des cultures méditerranéennes qui selon lui, « est pernicieux car il vise à instiller l’idée que les pays de l’Europe méditerranéenne ont en fin de compte plus de parenté profonde avec les pays d’Afrique et du Proche-Orient qu’avec le reste de l’Europe, de l’Atlantique à l’Oural. La France étant, dans cette optique, tirée vers le sud. Il y a donc bel et bien derrière l’apparence festive un message idéologique au cœur de la Biennale ». Cette édition de la Biennale, qui avait proposé comme slogan « le troisième millénaire sera sud », se vit ainsi refuser la subvention qui lui était annuellement accordée par le Conseil Régional. De plus, les 200 000 francs qui devaient aider à la diffusion du spectacle de Michel KELEMENIS ont été refusés, de même que trois subventions de 85 000 francs chacune devant aller aux villes de Bourg-en-Bresse, Chambéry et Grenoble pour leur participation au défilé.

Le refus de subventionner cette manifestation internationale, et certaines des compagnies participantes, revêt un caractère sectaire et ethniciste. La promotion de spectacles visant au mélange des cultures et des civilisations correspond à la crainte d’une menace extérieure, ici en l’occurrence les civilisations du sud de la Méditerranée.

Notes
655.

FRONT NATIONAL (1993), 13e proposition, « Assurer la promotion de toutes les bonnes musiques »

656.

En 1998, quatre triangulaires ont eu lieu, en Picardie, Bourgogne, Rhône-Alpes et Languedoc-Roussillon, et elles ont permis à Charles BAUR (U.D.F.-F.D.), Jean-Pierre SOISSON (apparenté U.D.F.), Charles MILLON (U.D.F.-D.L.) et Jacques BLANC (U.D.F.-D.L.) de devenir Présidents de région.

Pierre VIAL bénéficiera de cette triangulaire pour être désigné dans ces fonctions.