5 – La Société d’Etudes et de Relations Publiques (S.E.R.P.)

La Société d’Etudes et de Relations Publiques a été créée en février 1963 par Jean-Marie LE PEN et deux associés, Philippe MARCAIS, le partisan de l’Algérie française, et Léon GAULTIER, l’ancien Waffen SS. Enregistrée sous la forme juridique de Société à responsabilité limitée (S.A.R.L.), elle fut l’unique société de Jean-Marie LE PEN. Cette société phonographique était spécialisée dans le chant militaire, ainsi que dans la publication d'enregistrements sonores de grands textes historiques.

La gérance de la société a été confiée à Marie-Caroline GENDRON née LE PEN, qui l’a co-dirigée avec Pierre DURAND.

La S.E.R.P. dont le catalogue était disponible uniquement sur demande, aura permis au F.N. de se constituer un fichier de sympathisants auxquels le parti a pu adresser de nombreux courriers, tracts, coups de téléphone afin des les sensibiliser à ses causes. Les fichiers clients de la S.E.R.P. ont été demandés par le F.N. afin de recruter des militants de manière abusive, ce qui a entraîné de nombreuses procédures judiciaires.669

Le fichier-client, conservé par le Front national constituera une base de données diffusées à toutes les institutions culturelles proches du F.N.

La société fut poursuivie en 1965 à la suite de la mise en vente d’un disque regroupant des Chants de la révolution allemande et des discours d’anciens chefs nazis, d’hymnes et de marches militaires. Le 14 janvier 1971, Jean-Marie LE PEN est reconnu coupable par la Cour de Cassation d'apologie de crimes de guerre pour l'édition d’un disque intitulé Le IIIe Reich. Voix et chants de la Révolution allemande, après une première condamnation par la dix-septième chambre correctionnelle du Tribunal de Grande Instance de Paris, le 18 décembre 1968.

La S.E.R.P. est en liquidation judiciaire depuis le 30 mars 2000.

L’existence de ce réseau culturel facilite une diffusion des œuvres littéraires, musicales et cinématographiques défendues par le Front national et qui ne sont pas accessibles par un autre moyen. Il représente ainsi une aide importante à la circulation des idées partisanes. Il est à noter que depuis une dizaine d’années, les dernières parutions des principaux dirigeants du F.N. sont pour la plupart accessibles, en rayon ou sur commande, dans les librairies généralistes. Mais en ce qui concerne les ouvrages auxquels se réfère l’idéologie frontiste (ouvrages souvent interdits ou retirés de la vente), cette diffusion n’est pas aussi évidente et ce pour de multiples raisons. D’une part, l’édition française connaît un nombre croissant de titres publiés chaque année ce qui laisse une place réduite à la réédition de textes à faible potentiel économique. Or une majorité des textes appartenant à la famille de l’extrême droite française sont anciens ce qui nécessite une recherche dans un réseau de bouquinistes et donc un coût souvent élevé. D’autre part, il est à noter que certains milieux culturels refusent de participer à la diffusion d’idées proches de l’extrême droite.

C’est pour cela que l’extrême droite et le Front national en particulier ont été amenés à développer des moyens de publication indépendants et non soumis à une « certaine censure ».

Notes
669.

Cf. Annexe n° 24, Extraits du 20e rapport d'activités de la C.N.I.L. prévu par l’article 23 de la loi du 6 janvier 1978, « Les scouts d’Europe. La C.N.I.L. contre la S.E.R.P. »