4 – Le chant

Ainsi, lorsque le Front national souhaite que « [l]’apprentissage du chant choral, musique de l’âme, selon Saint François d’Assise, de la musique instrumentale et de la danse, [soit] encouragé à partir du plus jeune âge» ⁶⁹² , il exprime sa volonté à œuvrer pour une politique culturelle caractérisée notamment par la cohésion, la compétition, le respect des règles. Le rapport à l’âme qui apparaît dans cette proposition est illustré par la référence à Saint-François d’Assise ⁶⁹³ , c’est-à-dire par une référence d’ordre religieux. La présence de plusieurs mouvances politiques au sein de F.N., et plus particulièrement d’une culture politique catholique-traditionnaliste, apparaît dans cette proposition.

Par ailleurs, la revalorisation du chant choral revendiquée par le F.N. rappelle la politique culturelle mise en œuvre sous le régime de Vichy. Nathalie DOMPNIER, dans son ouvrage Vichy à travers chants, a montré que sous le gouvernement de PETAIN, « le chant [devait] être un allié permanent de la jeunesse, et apporter la force nécessaire à la construction de la France nouvelle » ⁶⁹⁴ . De plus, selon cet auteur, faire chanter peut être considéré comme une « manière de construire une représentation du peuple. Le faire participer revient à l’inclure dans la scène, à en faire un acteur de cérémonies et de leurs objectifs, à le faire sortir du simple statut de spectateur neutre et distant. » ⁶⁹⁵ La pratique du chant permettrait de mobiliser le public autour des thèmes et des valeurs défendus par le texte des chansons, et ainsi de le « renvoyer » à une identité collective. Le chant est donc une pratique collective qui permet de constituer un groupe et de le rassembler non seulement autour de cette activité, mais aussi autour de valeurs qui peuvent lui être spécifiques. Lorsque celles-ci sont définies par un parti politique, le chant devient une pratique culturelle qui, par la présence de sentiments de cohésion et d’appartenance des acteurs, peut être défini comme un instrument de propagande. En souhaitant promouvoir le chant choral auprès des jeunes, le F.N. exprime sa reconnaissance d’une pratique culturelle qui participe au développement d’une identité collective : celle d’un groupe uni par les mêmes valeurs.