E – Le cinéma et l’audiovisuel

Le cinéma est le seul secteur culturel pour lequel le Front national peut se targuer de compter un professionnel reconnu, en la personne de Claude AUTANT-LARA : « […] le Front national s’honore d’avoir compté dans ses rangs un des plus grands metteurs en scène français, Claude AUTANT-LARA. » ⁶⁹⁹ Réalisateur français, né en 1901 et mort en 2000, Claude AUTANT-LARA est élu député européen en 1989 sur la liste du Front national. Il a démissionné en 1991 suite à des poursuites engagées à son encontre pour «injures raciales, diffamation raciale et incitation à la haine raciale».⁷⁰⁰

Ses nombreux films traitaient de divers sujets déchaînant les polémiques : la guerre, la lâcheté, l'égoïsme, la religion, l'intolérance et le conformisme bourgeois (Le Diable au corps, 1947) ; les objecteurs de conscience (Tu ne tueras point, 1961) ; l’avortement (Le Journal d'une femme en blanc, 1965 et Le Nouveau Journal d'une femme en blanc, 1966).

Claude AUTANT-LARA fait figure d’emblème pour le F.N., et ce pour trois raisons principales. La première est son adhésion à l’idéologie du parti, ce qui va permettre au F.N. d’appuyer ses discours et son programme culturel sur ces points de vue, notamment par rapport à la « menace américaine ». La seconde est la posture de victime du secteur cinématographique coupable de multiples critiques et polémiques à l’encontre de son œuvre, qui place Claude AUTANT-LARA dans la même situation que le F.N., lui-même victime d’un complot. Enfin son élection en tant député européen a permis au F.N. d’être présent sur la scène politique par la voie d’un représentant internationalement connu.

Les théories exposées par le F.N. dans ses textes et discours relatifs aux secteurs cinématographiques et audiovisuels vont majoritairement s’appuyer sur l’idée de menaces extérieures et intérieures qui pèseraient sur eux, notamment par l’amalgame entre un anti-américanisme revendiqué et l’ensemble des maux dénoncés : « [c]e qu'il faut noter par surcroît, c'est que la menace américaine est renforcée par la présence immigrée. Celle-ci, dans la mesure où elle est déracinée, se trouve d'autant plus réceptive à la culture mondialiste et minimaliste des Américains, de leur cinéma de masse et de leur musique commerciale. L'invasion culturelle américaine passe d'abord par nos banlieues qui singent les ghettos US avant de gagner par mimétisme les jeunes Français des autres quartiers. » ⁷⁰¹