1 – Approche économique du cinéma et de l’audiovisuel

Économiquement parlant, le F.N. appartient à une tradition libérale. Pourtant, le parti de Jean-Marie LE PEN entend appliquer une politique protectionniste afin de défendre le cinéma français et de limiter les programmes internationaux, essentiellement américains : « […] aujourd’hui, l’industrie cinématographique et audiovisuelle française ne parvient pas à lutter contre les productions américaines parce qu’elle n’en est trop souvent que la copie... en pire.» 702 . Par cette critique, le F.N. développe l’idée selon laquelle le secteur cinématographique français ne serait pas un lieu de création exprimant l’identité nationale, mais le lieu de diffusion d’une culture qui ne serait pas celle du peuple français. Par ailleurs, les rares œuvres de création proposées au public ne sont considérées par le F.N. que comme de mauvaises copies de films imposés par l’« hégémonisme américain ».

L’approche économique du F.N se limite à une revendication qui apparaît dans l’ouvrage de Jean-Marie LE PEN, Pour la France, puis dans 300 mesures pour la renaissance de la France. En effet, en 1982, le président du parti estimait que « [s]i le système de l’avance sur recettes est maintenu, le Front national propose qu’il bénéficie en priorité à des jeunes auteurs français, soucieux d’incarner et de prolonger les traditions nationales » 703 . Cette proposition sera confirmée en 1993 : « [l]e principe de l’avance sur recettes sera réformé pour qu’il cesse de bénéficier toujours aux mêmes. » 704 La modification du principe d’avance sur recettes telle qu’elle est souhaitée par le F.N., n’est ni détaillée ni expliquée d’un point de vue technique. Il serait pourtant intéressant de savoir si elle répondrait à une logique de quotas de créations françaises ? L’appellation « création française » concernerait-elle tous les acteurs des secteurs cinématographiques et audiovisuels ? Et dans cette logique, l’avance sur recettes serait-elle versée par exemple à un film réalisé en France, avec des acteurs et des techniciens français, mais dont le réalisateur serait étranger ? Une fois encore, le F.N. lance des propositions calquées sur son idéologie axée sur l’identité nationale, mais n’apporte aucune précision quant à l’application de sa politique culturelle. L’approche protectionniste du F.N. tend à confirmer ce point de vue dans la mesure où elle ne répond pas à des logiques économiques mais bel et bien à des revendications idéologiques, à savoir la défense et la promotion de l’identité nationale.

Notes
702.

FRONT NATIONAL (1993), 14e proposition, « Encourager un cinéma et un audiovisuel français de qualité. »

703.

LE PEN (1982), p.173

704.

FRONT NATIONAL (1993), 14e proposition, « Encourager un cinéma et un audiovisuel français de qualité ».