III – Le culte du héros

Le culte du héros est une caractéristique importante de la culture d’extrême droite et du F.N.708 « Il y a dans tout héros de la démesure ; c’est un être exceptionnel qui a accompli des exploits extraordinaires, à ce titre il fait l’objet d’un culte de la part d’une communauté humaine. C’est donc la mémoire de son geste qui lui confère une immortalité plus ou moins durable auprès des vivants. […] ». Par ailleurs les héros sont « le produit d’un discours qu’ils ont pu contribuer à construire (Alexandre, Napoléon) ou sur lequel ils n’ont guère eu prise (Roland, Jeanne d’Arc). Le terme de héros fut toujours galvaudé, recouvrant des réalités très diverses, mais qui renvoient toutes à l’histoire de l’imaginaire. Par les valeurs qu’ils défendent, les héros sont donc des révélateurs des civilisations qu’ils sont censés fonder »709.

Notre objectif est de comprendre le sens de l’articulation de cette figure du héros à des logiques spécifiques d’identification dont nous pouvons relever de nombreuses traces dans la littérature frontiste, populiste et dans des œuvres plus légitimes comme celles de Richard WAGNER, ce que nous avons vu précédemment. Nous souhaitons ainsi montrer que le culte du héros, tel qu’il apparaît dans les références culturelles et artistiques du F.N., est une forme d’expression de l’identité politique paranoïaque du parti.

Les références littéraires revendiquées par le F.N. diffusent, notamment, une vision héroïque du passé qui renfermerait les bienfaits d’une civilisation soudée autour d’une nation menacée et qui serait transmise de parents à enfants La figure du héros symbolise, pour le F.N., une culture politique composée de traditions contre-révolutionnaire et nationale populistes. Elle symbolise également la personnification du parti dans la mesure où Jean-Marie LE PEN, en tant que chef de famille, estime être à la fois le porte-parole du peuple et son défenseur.

Ainsi, dans le cadre des logiques esthétiques du F.N., le culte du héros contribue à la célébration du chef, à l’exaltation des valeurs guerrières et viriles, et à la promotion d’une culture populaire.

Notes
708.

Sur ce sujet Michel LACROIX, De la beauté comme violence : l’esthétique du fascisme français, 1919-1939, Chapitre I, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal (Socius), 2004

709.

Plaquette d’information de l’exposition « Héros d’Achille à Zidane » qui s’est tenue du 9 octobre 2007 au 13 avril 2008 à la Bibliothèque Nationale de France (p.1)