A – Les médias internes

Durant la période que nous avons étudié (1986 à 1998), la production frontiste en termes de communication n’a pas d’équivalent dans l’actuelle scène politique. Citons à titre d’exemples quelques supports mis à disposition des militants et des sympathisants : radio LE PEN, minitel, ligne directe d’information par téléphone, site Internet, journaux, revues, affiches, brochures, tracts, ateliers spécifiques d’aide à la diffusion, etc… Comme le souligne très justement Erwan LECOEUR⁷²⁸, la communication politique du F.N. est un modèle du genre : elle est agressive, volontairement décalée, voire provocatrice. L’utilisation de divers supports, ainsi que la volonté d’une innovation constante fini par donner à la propagande F.N. une « marque de fabrique ». Les tracts, les affiches du F.N. se reconnaissent par le ton du message, par les couleurs ; l’objectif étant de mettre en oeuvre charte graphique -le bleu et le jaune, la flamme stylisée, les icônes frontistes, la famille, le chef⁷²⁹- qui respecte les codes culturels du parti.

Mais au-delà des supports, la capacité de diffusion est un exemple du genre pour de nombreux partis : distribution de tracts à la sortie des usines, dans les quartiers, devant les universités ; affichage sauvage sur les routes nationales et départementales, etc… Le parti met également à disposition de ses militants des brochures expliquant les différentes façons de diffuser les messages, la manière de répondre aux opposants, aux journalistes. Ces brochures intitulées « Guide du responsable » ont été éditées en 1992 en quatre livres par le secrétaire général Carl LANG⁷³⁰. Elles complètent les fascicules précédents, élaborés lors des cantonales de 1985 (« Militer au Front »). Même les techniques de communication plus modernes sont utilisées à travers le phoning, et bien sûr Internet.

Nous allons procéder à une présentation de ces différents outils de communication afin de montrer comment le F.N. a pu développer sa propagande politique. Cela nous permettra de comprendre, en partie, comment les références esthétiques du parti sont diffusées aux membres de la « communauté » et pourquoi les actions culturelles organisées à la fin des années quatre-vingt-dix ont pris une telle ampleur dans le champ politique.