Jean-Marie LE PEN, Discours de clôture de l’Université d’été du F.N., 10 septembre 2007

« Chers Amis, Chers Camarades,

Permettez-moi tout d’abord d’adresser mes plus sincères remerciements aux organisateurs de cette Université d’Eté 2004.

Je pense bien sûr à la Délégation Nationale aux Grandes Manifestations de Jean-Michel Dubois et de son équipe, mais aussi à l’ensemble des cadres de la Délégation générale qui, derrière Bruno Gollnisch, ont conçu et mis en œuvre, au plan intellectuel, l’orientation et la structure de nos travaux. Mes remerciements s’adressent également à l’ensemble des intervenants dont la qualité des prestations a été particulièrement notable, et, à ce titre, particulièrement appréciée.

Enfin, je tiens également à remercier chaleureusement l’ensemble des participants, c’est-à-dire tous ceux qui, venant parfois de très loin, se sont déplacés pour venir participer à nos travaux et ont ainsi contribué au succès de cette manifestation, point d’orgue de la rentrée politique du Front National.

Cette année, le thème de notre réflexion était l’analyse des différents types de menaces – politiques, économiques, intellectuelles et morales – qui mettent en cause l’indépendance et l’identité de la France.

A l’issue de notre réflexion, chacun aura compris l’urgence de notre combat, au vu de la puissance de l’adversité anti-française, contre laquelle nous ne cessons de lutter depuis des décennies.

Vous le savez, il est aujourd’hui une menace qui fait en quelque sorte la synthèse de tous les périls, qui les résume et les concentre tout à la fois, c’est cette Constitution Européenne, œuvre de Valéry Giscard d’Estaing, éternel et impénitent porteur d’eau du fédéralisme européen.

Incontestablement, ce traité va encore plus loin que tous les abandons de souveraineté qui ont fragilisé l’Etat depuis 30 ans et qui ont été inspirés par l’idéologie européiste puis euromondialiste.

A l’issue de la 2ème Guerre Mondiale qui a coûté aux nations européennes, mais aussi à la France, un prix exorbitant, deux grands empires se sont partagés le Monde et l’Europe. Vainqueurs de ce gigantesque conflit qui a duré près de 6 ans, les Etats-Unis et l’Union Soviétique vont se trouver érigés en modèles, d’abord alliés, mais rapidement, dès la chute de Berlin, rivaux ennemis.

“ We have killed the wrong pig”, dira Winston Chruchill. L’Europe de l’Est et l’Allemagne de l’Est sont occupées militairement par l’Armée Rouge, et politiquement par des régimes fantoches communistes. Pour empêcher la fuite des peuples vers l’Ouest sous impérium anglo-saxon, on érigera le Rideau de Fer, dixit encore Churchill ? matérialisé par des champs de mines et des réseaux de fil de fer barbelés, férocement gardés par les policiers rouges tandis que l’ancienne capitale du Reich est traversée par un Mur plus que symbolique.

Le Monde s’installe dans une Guerre Froide qui risque à tout moment de se réchauffer, soit par la ruée des 40 000 blindés, des 25 000 avions et des centaines de divisions de l’Armée Rouge, voire même par un déluge de bombes atomiques, armes dont l’emploi à Hiroshima et Nagasaki a ouvert une ère nouvelle dans l’Histoire de l’Humanité.

La présence massive et agressive de l’URSS, appuyée dans les pays de l’Europe Occidentale par des partis communistes puissants, auréolés des souvenirs de la Résistance, va rendre certaines parties de l’opinion sensibles à l’idée, qui n’est pas nouvelle, de l’Union des Nations Européennes. La dernière édition vient à peine de disparaître, l’Europe Nouvelle de Adolf Hitler, que se profile celle qui nous vient en droite ligne des Etats-Unis par le truchement de M. Monnet, un financier qui y réside depuis plusieurs années.

C’est le temps de la CECA, Communauté Européenne de Charbon et de l’Acier, puis le 25 mars 1957, le fameux traité instituant la CEE, Communauté Européenne Economique des 6 (F. I. A. L. B. H.).

Dès l’origine, cette communauté économiste et mercantiliste, libérale et relative, apparaît à certains, dont moi, alors jeune député patriote qui votera contre la ratification, comme portant en germe la mort des Nations historiques et des valeurs qu’elles portent.

Il nous paraît aussi que chaque pays doive se relever lui-même et que l’Union peut être un leurre démobilisateur, chacun comptant sur l’autre pour faire ce qui est nécessaire.

On nous oppose alors que les nations garderont l’essentiel de leurs prérogatives de souveraineté. La suite des événements nous prouvera, au fur et à mesure des déboires outre-mer, que nous étions poussés vers des solutions qui les excluaient progressivement, Maastricht, Schengen, Amsterdam, Nice, jusqu’à les vider de leur substance.

Les abandons s’accéléraient dans l’indifférence générale : La monnaie et donc l’essentiel de la politique budgétaire et économique, les frontières, la politique de sécurité, tandis qu’une immigration extra-européenne massive, répondant à l’appel des tenants d’une politique sociale égalitaire et vouée à la ruine, déséquilibrait notre budget, générait un chômage et une insécurité insupportables.

On a beaucoup évoqué les vieux soldats qui rabâchaient à leurs jeunes auditoires les récits de leur passé de gloire, réels ou imaginaires. On sait aussi que les tableaux de chasse des Tartarins ou la taille des poissons pêchés augmentent avec le temps. Il en va de même dans notre pays, désormais officiellement arc-bouté sur son passé comme s’il ne pouvait s’imaginer d’avenir, comme si notre temps, ce qui est stupide, serait celui de la fin de l’Histoire.

Le maître-mot est aujourd’hui est « mémoire », obligation faite à tout un chacun, de se souvenir, à condition pourtant de le faire dans le cadre rigoureusement défini par les intellectuels, historiens ou moralistes professionnels de la Pensée Unique.

La Commémoration, qui consiste à se souvenir ensemble, est un mot-clef de notre temps, et l’anniversaire, une occasion d’endoctriner le bon peuple à grand renfort d’images sélectionnées et de commentaires engagés. L’Histoire est désormais apprise non à travers les faits historiques réels mais à travers les fictions romanesques du cinéma. Dans ce domaine, qui échappe au libre examen cher aux francs-maçons, les révisions historiques sont interdites pénalement tandis que les revisitations, elles, sont admises.

On ne célèbre plus seulement les centenaires ou les bicentenaires comme ceux en 1889 et 1989 de la Révolution Française, dont on notera que les héros, chers aux « hussards noirs de la République » quand il y en avait encore, à peine sortis de leurs placards, y ont été rangés au lendemain de la fête de M. Goude.

Il ne fallait pas trop insister sur cette révolution nationaliste (les assignats portaient la devise « la Nation ou la Mort ») dans nos temps de révolution mondialiste et anti-nationale. Mails il y aura les cinquantenaires et quand cela est utile à la propagande télévisuelle, les sexantenaires, comme cette année pour le débarquement allié du 6 juin 1944, le débarquement de l’Armée d’Afrique le 15 août 1944, nous aurons aussi le 25 août, la Libération de Paris. Le 23 novembre, la libération de Strasbourg, puis à chacun sa semaine, celle des camps de prisonniers ou de déportés, Buchenwald, Dachau, Mauthausen, Auchwitz, l’armistice du 8 mai 45, puis celui d’août 45 après Hiroshima et Nagasaki.

Les monuments sont mieux gardés que nos frontières et les crétins, plus ou moins manipulés, qui insultent les morts en maculant leurs tombes risquent aujourd’hui une peine aussi sévère que les violeurs, tortionnaires ou assassins d’enfants.

Eclectiques, nous ne nous bornons pas à célébrer les victoires, mais aussi les défaites. Après le cinquantenaire de Dien-Bien-Phu, Chirac pourra aller en novembre dans les Aurès, avec son ami Bouteflika, exalter le souvenir du soulèvement libérateur de l’Algérie fellagha.

Toutes ces festivités servent de tremplin médiatique à la classe politicienne, le Président, le Premier Ministre, les Ministres sont là, toujours là. Et le bon peuple se pose maintenant la question. Mais quand sont-ils donc dans leurs ministères ?

Soyons justes, ils ne se préoccupent pas seulement du passé, et les incidents, parfois les plus grotesques ou les plus futiles, les trouvent à l’affût d’une déclaration scandalisée ou moralisatrice comme dans la pitoyable affaire du RER où il fut signalé, dans l’intention de nuire bien sûr, que tous les partis politiques, à l’exception du Front National, avaient en protestant, validé la provocation.

Nous avons l’habitude d’être les victimes de ce genre de magouille, aussi sommes-nous prudents et dans le cas précis, et bien que l’affaire était tellement vraisemblable, qu’elle a été colportée comme telle alors qu’un certain nombre de détails importants auraient dû incliner à plus de réserve.

Mais, c’est un signe de notre temps de décadence, que de se refuser à voir les problèmes sérieux et dramatiques de notre avenir et de distraire l’opinion publique par des jeux ou des pantomimes.

Les 60 è Pleurnichants.

Les 30 Glorieuses (1945 – 1975).

Les 30 Piteuses (1975 – 2005).

Temps de mémoire et non d’imagination.

Il faut dénoncer clairement l’escroquerie politique qui consiste, à l’occasion de ces anniversaires et avec la caution des sacrifices consentis au salut et à la liberté de la Patrie, pour les tenants du Système, à camoufler une politique qui va exactement à l’inverse des principes invoqués.

On notera aussi la perversité de ceux qui, dans un silence total et donc approbateur, de la classe politicienne (organisations d’anciens combattants comprises) profitent de ces anniversaires pour lancer des brûlots pacifistes ou anarchistes, comme le film annoncé sous le titre Les Mutins et qui évoque les cas de désertions intervenues en 1917 .

Y a-t-il pire abus de confiance que la démarche intellectuelle qui consiste à exalter la Résistance, l’armée, les combats de la Libération en organisant délibérément la disparition de la France, historique, politique, économique, culturelle, dans la version corrigée US, de l’Europe Nouvelle, chère à Adolf Hitler.

Les Elections européennes de 2004 ont donné une mesure indiscutable de la non-adhésion des peuples européens à l’idéologie euro-mondialiste.

44 % de participation.

56 % d’abstention, 74 % en moyenne chez les 10 nouveaux entrants.

Maastricht 20 septembre 1992 : 49 % de NON

94 et 99 : souverainistes : 25 à 30 %.

2004 : souverainistes : 20 %.

Passent de 24 à 10 euro-députés : FN : 7 (9 avec le scrutin de 99)

Villiers, malgré une intense et constante promotion médiatique dans les 4 mois qui ont précédé le scrutin, et une campagne active contre l’adhésion de la Turquie à l’UE et les difficultés judiciaires de son ami et allié, Pasqua, sans parler des appels du pied à l’électorat du Front National par les interviews complaisantes de Présent et de Minute quelques jours avant le scrutin, passe de 14 à 3 députés.

Tandis que de son côté, le Monde réitérait une de ses magouilles habituelles, (rappelons le titre de 1ère page le Vendredi avant le 2ème tour des présidentielles) : « Nouvelles révélations sur les tortures de Le Pen en Algérie ».

A 8 jours du scrutin, « Le Monde » titrait : « Le Pen en faveur du mariage homosexuel » alors que rien ne justifiait ce titre, ni les réponses de Le Pen à la Conférence de presse, ni même le texte de l’article du Monde. M. Antony, sans même le lire ni s’informer directement, passait à l’attaque du Front National s’indignant vertueusement et faisait au Monde une confiance aveugle qui le dispensait d’un minimum de vérification.

Une fois de plus, comme aux régionales, le Front National était la cible principale.

Le mode de scrutin aux régionales,

Le découpage aux européennes,

N’avaient qu’un but : assurer aux partis du Système UMP et PS, une victoire écrasante sur le Front National.

Malgré, aux deux élections, la présence assistée de nombreuses listes-bidon d’opposition pour diviser les voix (10 % à elles toutes), le Front National a pu sauver l’essentiel : 156 conseillers régionaux, soit 100 de moins qu’en 99, mais avec 300 000 voix de plus.

3 régions n’ont pas eu d’élus à quelques dixièmes de points près. La seule présence du traître Mégret suffisait avec 0,3 % à empêcher nos listes de passer la barre des 10 %.

Il en fut de même aux européennes où 4 à 5 députés Front National ont été perdus, là aussi à quelques milliers de voix près par la même manœuvre, à laquelle se sont ajoutées les voix contestataires de ceux qui n’avaient pas été retenus comme candidats et qui le manifestaient déjà publiquement dans les médias pendant les campagnes électorales régionales et européennes, allant jusqu’à réunir à Orange un forum de discussion au moment où les militants du Front National trimaient sur le terrain. Les donneurs de leçons, de conseils et de critiques auraient mieux servi la cause en étant sur le terrain qu’en le conseillant aux autres.

Dans d’autres départements, certains ont été jusqu’à, soit préconiser l’abstention, ou même le vote Villiers.

Aux Régionales, ayant tiré les marrons du feu, le chat chiraquien les a vus croqués par le singe socialiste.

Les élections européennes de 2004, malgré tous ces handicaps (dont certains, hélas, venaient de nos rangs) :

Comme aux Régionales, la haine du pouvoir pour le Front National aura pour résultat une victoire de la gauche aux élections européennes.

Il convient maintenant d’aborder ensemble la stratégie que nous allons développer dans les mois qui viennent pour faire échec au référendum chiraquien sur la Constitution Européenne.

I – Cette Constitution qu’on nous prépare scelle de toute évidence la fin de la France, en temps qu’Etat indépendant, et la fin de la République Française, la fin du peuple français dans son identité, telle que forgée par les siècles d’histoire.

En effet, adopter une Constitution européenne, ce n’est pas une simple formalité.

Une Constitution, c’est bien sûr un texte fondamental régissant les pouvoirs et un pacte essentiel fixant les rapports entre les citoyens et les institutions. Mais c’est aussi la loi première d’un peuple, qui scelle dans le droit son destin collectif. C’est l’acte par lequel une nation révèle aux siens et à la face du monde son existence. Une Constitution, c’est un acte solennel qui engage l’avenir d’un peuple. C’est donc d’une référence absolument fondamentale dont il est question aujourd’hui.

En France, le fait constitutionnel remonte au XVIIIème siècle, dans la pensée des Lumières consacrée par la Révolution Française, même si l’existence de la nation française est bien évidemment très antérieure à cette époque.

En 1789, afin de saper les fondements de ce qu’ils appelaient « l’absolutisme royal », les révolutionnaires voulurent consacrer, dans un document écrit et sacralisé, un nouveau principe de légitimité du pouvoir : la nation, par substitution à l’ancien droit divin qui fondait la monarchie française.

L’article 3 de la Déclaration des Droits de l’homme et du Citoyen, texte dont on ne cesse de nous rebattre les oreilles, pose ainsi « que le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation », tandis que l’article 3 de la Constitution de la Vème République elle-même dispose que « la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du referendum. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice ».

Les textes sont donc d’une clarté absolue : une Constitution est un texte qui atteste de la souveraineté d’une nation.

La Constitution européenne qu’on nous prépare va donc disqualifier la Constitution française et les principes sur lesquels elle repose, acte absolument attentatoire aux grandes libertés fondamentales, publiques et individuelles, qui depuis des siècles ont donné à notre pays le visage que nous lui connaissons aujourd’hui.

De surcroît, une Constitution ne pouvant consacrer qu’une nation, on se demande bien quel est l’objectif final réel des eurocrates ?

S’il y a indubitablement une civilisation européenne, commune à tous les peuples du Vieux Continent, il n’y a pas de Nation européenne. On crée donc une Constitution dont on espère qu’elle va faire émerger une Nation, ce qui revient à dire que l’on tente d’en créer une aux forceps, en détruisant les nations historiques qui ont fait l’essentiel de l’Histoire du monde et qu’on réduit désormais au rang de provinces.

On veut faire une Nation européenne, et l’on ne fera qu’un nouvel Empire, prison des peuples qui connaîtra le destin de toutes les constructions multinationales artificielles, c’est-à-dire une disparition rapide, dans des secousses peut-être dramatiques.

On est bien là au cœur d’une nouvelle utopie totalitaire, en rupture totale avec les principes politiques fondamentaux de la civilisation européenne, civilisation des peuples libres, donc souverains.

En effet, aux cours des XVIIIème et XIXème siècles, aux origines du fait nationalitaire en Europe, il y a d’abord une lutte contre l’idée des Empires de constituer un toit commun à des peuples dont l’évolution séculaire fut différente.

Vous le voyez bien, mesdames et messieurs, ce processus de construction ex nihilo d’un peuple européen n’est pas que rétrograde, il est aussi illégal et illégitime.

En effet, nul gouvernement ne peut céder ce qui ne lui appartient pas, à savoir la souveraineté française.

Celle-ci est le bien indivisible des générations passées, présentes et futures.

Depuis 30 ans, les autorités françaises ont donc cédé quelque chose dont elles n’étaient que les usufruitières et pas les nues-propriétaires.

C’est là un crime majeur contre l’Etat et la Nation.

Que deviendrait alors la Constitution française, sinon le règlement intérieur d’une collectivité locale inféodée au moloch bruxellois ?

Il est d’ailleurs extravagant que le Chef de l’Etat, gardien de la Constitution française au terme de l’article 5 de celle-ci, n’ait pas écarté, de son propre chef et sans hésitation, ce projet européiste, sans même envisager de le soumettre au peuple français.

Comment en effet, sans faillir à sa mission, peut-il simplement consentir à un texte qui va marginaliser une institution dont il est précisément le gardien ?

C’est bien la preuve qu’il consent à l’abaissement de la France et à sa disparition au profit d’un régime fédéral européen.

A la vérité, il faut, par un acte de volonté politique fort et déterminé, rompre avec l’idée même d’Europe. Il faut revenir strictement au principe de la souveraineté pleine et entière des Nations, même si celles-ci peuvent, çà et là, coopérer librement sur quelques sujets d’intérêt commun.

C’est le bon sens même, mais ce n’est pas hélas le choix des princes qui nous gouvernent : pris entre leur éternelle lâcheté, qui les poussent à faire assumer la résolution des problèmes par d’autres qu’eux-mêmes et l’utopie d’une Europe-monde, esquisse d’une planète pacifiée et réconciliée pour l’éternité, ils ont bradé l’essentiel des intérêts français, en matière agricole, en matière industrielle, en matière commerciale, en matière d’emplois et en matière sociale, mais aussi et surtout en matière politique.

Aujourd’hui, nous arrivons au terme de cette logique mortifère, avec la mise en place d’une Europe fédérale de Régions, lesquelles n’ont même pas les prérogatives des états de l’Union américaine.

On voit bien en effet l’essence fondamentale de ce projet de Constitution, lorsqu’on le relie au découpage électoral de la France en 8 super-régions, qui n’ont aucune unité administrative, politique ou culturelle. Celles-ci ne fédèrent pas, elles démantèlent.

Ces circonscriptions semblent en effet avoir été calquées sur le modèle des Landers allemands, qui sont, vous le savez, l’alpha et l’oméga du modèle fédéraliste de Bruxelles, dont l’objectif principal est de briser les cadres traditionnels de développement des peuples, cadres pourtant séculaires de notre histoire et de nos libertés.

Je crois en effet que ce découpage artificiel est au cœur du remodelage administratif et politique de l’Europe entière.

Ce qu’on nous propose, en somme, ce sont les Etats-Unis d’Europe, et même les Etats-Unis en Europe, si vous me permettez l’expression, puisqu’il s’agit d’y intégrer la Turquie, porte-avion de Washington aux rivages du Vieux Continent, et ce n’est sans doute qu’un début.

Selon Chirac, en décembre 2001 à Nice, « la Turquie est européenne par son histoire, sa géographie et ses ambitions ».

Le Chef de l’Etat, dont les analyses sont à l’image des convictions, c’est-à-dire toujours un peu légères, méconnaît tout à la fois l’histoire, la géographie et la géopolitique.

Bien que la Turquie soit une nation profondément hétérogène, elle est aujourd’hui constituée de 70 millions de musulmans à la démographie galopante.

Les adversaires de la nation française s’en féliciteront, bien sûr, à l’image de Bernard-Henri Lévy pour lequel « le retour en Europe des héritiers de Byzance, d’Atatürk et du cosmopolitisme de l’Empire Ottoman serait preuve non de faiblesse, mais de souveraineté et de force ».

Du point de vue géographique et civilisationnel, la Turquie n’appartient pas à l’Europe. Elle est un Etat riche d’une vieille civilisation et éminemment respectable à ce titre, et qui de surcroît, borne la rive sud-est de l’Europe, ce qui commande d’entretenir avec elle les meilleures relations possibles. Alors, des traités, des accords, oui, autant que l’on voudra et qu’il se pourra. Mais pour le reste, c’est non.

Nous disons fermement non à l’entrée de la Turquie dans l’Europe, comme nous disons « Non » à la Constitution européenne.

Nous sommes logiques avec nous-mêmes, comme d’ailleurs le sont nos adversaires eux-mêmes : les partisans de cette Constitution, absurde et inapplicable par bien des aspects, sont aussi ceux d’un élargissement sans fin, d’une Europe-espace largement ouverte au libre échange des marchandises et des populations, à une mondialisation chaotique et destructrice de nos emplois, de nos traditions et de notre sécurité interne et externe.

Nous reviendrons dans les mois qui viennent sur les grandes failles et les grandes faiblesses de l’Europe que l’on a construit depuis 40 ans : tout à la fois anti-nationale, oligarchique, c’est-à-dire dominée par la technocratie et les lobbies apatrides, libre-échangiste et immigrationniste, elle ne peut protéger nos compatriotes des dangers que recèle le monde d’aujourd’hui, et pire encore, de demain.

Peut-être pensez-vous d’ailleurs, mesdames et messieurs, que face à tant d’erreurs et de trahisons, l’horizon s’obscurcit singulièrement, voire irrémédiablement.

II – Je sais bien que partout dans le pays, la dégradation générale de la situation inquiète plus d’un militant, plus d’un cadre et plus d’un électeur du mouvement : on craint parfois, ça et là, qu’il ne soit trop tard, on met en cause l’éternelle cécité des Français, on trouve que l’accession aux responsabilités n’est pas assez rapide, et finalement que tout est déjà perdu.

Et on cite cette affaire de Constitution européenne, qui parachevant l’œuvre de destruction des souverainetés nationales, ruinerait pour toujours l’espoir de renouveau.

Je ne suis pas de ceux qui se laissent aller au désespoir, par optimisme naturel, c’est vrai, mais aussi et surtout par réalisme.

Si vous me permettez d’utiliser une métaphore hippique, je dirais que dans une course, il ne suffit pas d’arriver sans faute au dernier obstacle pour être sûr de la victoire finale.

Il faut en effet passer la dernière haie, celle qui est souvent fatale aux meilleurs cavaliers.

La Constitution européenne a beau être l’acte de liquidation final de la France, elle sera, je le pense, la croix éternelle et la défaite finale de l’Europe, dans une perspective historique qui n’est pas sans rappeler la Guerre de Sept Ans, qui fut marquée par l’écrasement des armées de la Tsarine Elisabeth aux portes de Berlin par Frédéric II de Prusse, alors que personne ne donnait cher des chances prussiennes.

Mais dans un effort ultime, les troupes germaniques, certes moins nombreuses, épuisées, inquiètes, mais mieux commandées, chassèrent l’envahisseur.

Ce Miracle de la Maison de Brandebourg prouve bien que l’Histoire n’est pas linéaire, mais faite de sursauts brutaux et imprévisibles.

Nous sommes aujourd’hui dans une configuration similaire.

En effet, le référendum sur cette Constitution représente une chance inespérée de mettre un terme à la fois à une utopie mortelle et à la décadence française.

Vous le savez, lors de la traditionnelle allocution télévisée du 14 juillet, outre ses différents personnels avec Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac, rendant pour une fois la parole au peuple souverain, a annoncé la consultation directe des français sur ce projet.

Cette échéance va placer le Front National, souverainiste depuis le jour même de sa création en 1972 - pas à la manière de certains, qui, intermittents du souverainisme, ne défendent les libertés françaises que pendant 3 mois tous les 5 ans, le temps d’une campagne électorale, avant de soutenir ensuite des majorités parlementaires ouvertement fédéralistes – le Front National, disais-je, va être, une fois de plus, au centre du débat.

Etre nationaliste français, et l’assumer, c’est en effet la seule façon authentique d’être souverainiste.

La victoire du « non », dont nous serons le fer de lance, est rien moins que certaine, car pour une fois, l’Europe va sortir de la méthode du voleur chinois, consistant à avancer en catimini et au besoin par la manipulation cynique de l’opinion.

Les partis de l’établissement auront en effet le plus grand mal à rééditer le traquenard de Maastricht.

On se souvient en effet comment la victoire du « Oui » fut acquise. Rappelons que le 20 septembre 1992, le « oui » a obtenu 51,05 % des voix, soit 13 162 000 suffrages, contre 48,95 % au « non » (12 623 562 voix). L’affaire s’est donc jouée à 500 000 voix d’écart, sur un total de 25,5 millions de suffrages exprimés. 500 000 voix … 2 % des électeurs ! 500000 voix, la taille d’une ville comme Nice !

Oui, Mesdames et Messieurs, chacun se souviendra dans quelles conditions ce hold-up fut accompli, alors qu’il s’agissait là de la plus importante question pour la France depuis un demi-siècle, conditionnant son avenir, son indépendance, son identité et sa prospérité.

Faut-il rappeler qu’alors, pour faire avaler la pilule, Mitterrand usa d’un véritable chantage à la maladie, au terme d’une probable mise en scène destinée à troubler les opposants et autres réticents, trouble que Philippe Seguin lui-même a ressenti et décrit, à l’occasion d’un débat télévisé pipé sur une chaîne publique.

Faut-il également rappeler l’attitude d’un Delors, stigmatisant les partisans du « non » qui selon lui, étaient « indignes de continuer à faire de la politique ».

Et que dire des instituts de sondages disqualifiant préalablement le « Non », qui aurait été le choix des électeurs les moins instruits, les moins dynamiques et les plus âgés, bref, le point de vue de « la France qui perd et qui coûte » ?

N’oublions pas non plus l’unanimisme de l’établissement journalistique, glorifiant le projet de monnaie unique, Veau d’Or d’élites en mal d’utopies destructrices depuis la disparition du communisme.

Qui ne se souvient de la campagne mensongère tendant à accréditer l’idée que si le « Non » l’emportait, la France serait isolée sur le plan international, ravalée au rôle de l’Albanie d’Enver Hodja pendant la guerre froide, sans même évoquer les poncifs les plus éculés, sur l’augmentation du commerce et de la prospérité qu’occasionnerait la monnaie unique, l’élimination des coûts de transaction et des risques de variation monétaire, la meilleure efficacité de la politique budgétaire (sic), le rôle international de cette monnaie et j’en passe.

Tout cela s’est évaporé dans la réalité d’une croissance poussive, d’un chômage croissant, d’une protection sociale au bord de l’asphyxie et d’un niveau de vie par habitant en chute libre.

Ce sont ces difficultés matérielles, ces souffrances qui deviennent aujourd’hui insupportables à la plupart de nos compatriotes. Ce sont elles qui vont commander le vote négatif des Français, tandis que le Front National touchera peut-être enfin, à cette occasion, le dividende de ses inlassables mises en garde.

Même si Villiers semble une fois de plus être consacré comme l’opposant institutionnel, les électeurs font désormais la différence entre l’original et la copie, et les mises en scène de Chirac et Raffarin font désormais pâle figure, à l’heure des disputes mortelles pour la Présidence de l’UMP, comme s’il s’agissait de l’Alpha et de l’Oméga de la politique française, et tandis que les réseaux s’agitent, ici pour crucifier le Ministre des Finances, là pour promouvoir son ascension.

Oui, on peut plaindre notre pauvre pays, quand on se rend compte qu’il vit au rythme du choix de Bernard Pons en faveur de Sarkozy, ou à l’heure du lancement de la candidature de Philippe Douste-Blazy contre ce dernier…..

Les Français sentent bien que ceux qui ne s’attachent qu’aux prébendes et ne suivent que leurs ambitions personnelles, sont incapables de résoudre le moindre des problèmes qui se posent à la France.

Lors de ce referendum, je crois sincèrement que nous allons gagner, Mesdames et Messieurs, même si le Système va déployer une fois de plus les ressources énormes de la propagande de masse qu’il affectionne, pour tenter une fois de plus de tromper les Français et de les engager dans une voie néfaste.

Chirac veut consulter le peuple, parce qu’il le croit docile et à sa botte, comme Mitterrand le pensait en 1992. Mais je le répète, 12 ans après Maastricht, la réaction des électeurs peut être très brutale.

Il ne faut jamais oublier que l’opinion peut donner des à-coups assez imprévisibles : avant le coup de tonnerre de 1984 – plus de 11 % des voix aux Européennes, 2,2 millions de voix et dix élus -, le Front National était électoralement balbutiant.

De même, alors qu’en 1999, aux élections européennes, le mouvement, trahi par Mégret en pleine campagne, n’obtenait qu’à peine 1 005 285 voix (5,7 %), seulement 3 ans plus tard, en avril 2002, au premier tour de l’élection présidentielle, j’ai rassemblé 4 804 713 suffrages, soit près de 5 fois plus !

Gardons-nous donc de négliger l’extrême imprévisibilité des Français ! Ils peuvent demain se révéler beaucoup moins dociles que nos adversaires ne le pensent, surtout que je le répète, l’affaire risque de se jouer à 1 ou 2 % du corps électoral.

III- Au vu de l’ampleur de l’enjeu, le Front National ne peut être que le fer de lance de ce combat pour la France éternelle.

Notre espérance est aujourd’hui plus fondée que jamais. En effet, de plus en plus nombreux, nos compatriotes reconnaissent la pertinence de nos thématiques : ils sentent le danger d’une immigration incontrôlée, de la montée de l’insécurité, de l’étouffement économique par le fiscalisme et le chômage de masse, de l’incapacité à mettre en œuvre une vraie réforme des retraites, et plus généralement l’urgence d’une refonte de l’Etat, à la fois pléthorique, impuissant et gangrené de marxisme jusqu’à la moelle.

Ces problèmes, ces difficultés, exigent l’intervention de nouvelles forces politiques, capables de décider, capables d’agir, capables de réformer.

Et précisément parce que nous considérons qu’il faut réformer en profondeur notre pays, la réforme interne est nécessaire pour mettre notre mouvement en ordre de bataille.

Cette réforme est nécessaire, tout d’abord pour remédier au déclin du militantisme. Vous le savez, dans notre société individualiste et égoïste, l’action militante, l’action au service de l’intérêt public est de moins en moins prisée, entraînant la désaffection des citoyens pour l’action politique.

Il n’y a aucune fatalité dans cette évolution et nous pouvons y faire face par une audacieuse campagne d’adhésion, couplée à la restauration des valeurs fondamentales du Front National au niveau des fédérations comme des instances dirigeantes.

Le Front National a toujours été hiérarchisé et discipliné, parce que c’est là une nécessité fondamentale pour son unité, gage de sa survie et de ses progrès dans un milieu qui lui est massivement hostile.

Les principes d’autorité, de loyauté et de discipline sont donc indispensables à notre action militante, comme ils sont indispensables au pays lui-même.

Il importe donc de remettre à leur place, la première, nos valeurs fondamentales. Il faut aussi remédier à la bureaucratisation, tendance naturelle des appareils et des organisations, et apprendre à faire mieux avec moins, d’autant que nos possibilités financières se sont considérablement réduites.

Enfin, il faudra réfléchir aux modifications de l’environnement de notre action, et trouver de meilleurs axes de propagande, de meilleurs supports de communication, de meilleurs messages politiques.

C’est d’ailleurs dans cette perspective d’une meilleure communication que nous devons envisager très sérieusement de remettre en marche l’institution du Pré-Gouvernement.

Conçu vous le savez sur le modèle du Shadow Cabinet en Grande-Bretagne, qui double en quelque sorte le Gouvernement de sa Majesté, cette structure a pour vocation à la fois de former nos cadres à des thématiques précises et de crédibiliser l’action politique et technique de notre mouvement, s’il était appelé aux affaires par les Français.

Vous le voyez Mesdames et Messieurs, l’heure n’est plus aux vacances.

Ne nous cachons pas que la bataille du référendum, prélude à l’effondrement de la Tour de Babel bruxelloise, ouvre les chantiers de la renaissance française.

Osons le mot, c’est d’une véritable révolution dont le pays a besoin.

Dans l’état de paralysie, pré-comateux où se trouve le pays, il faut préparer une thérapeutique hardie et ferme pour lui redonner force et jeunesse.

Le diagnostic est fait. Quant il sera connu du peuple, celui-ci, j’en suis sûr, se ralliera à la seule proposition de salut.

Il faut libérer la France de la gangue bureaucratique qui la paralyse et la ruine, réduire le nombre des millions qui émargent aux budgets publics, l’arracher à la dictature des syndicats gauchistes ultra-minoritaires, rétablir nos frontières et les contrôler pour défendre notre nationalité, notre identité, nos intérêts économiques, nos familles, nos cités et nos emplois.

Il faut fonder la prospérité sur le travail et sur le mérite.

Tous ceux qui aiment notre pays et veulent le servir et le défendre ont leur place au sein du peuple français, mais il faut mettre fin au torrent migratoire.

Il faut rétablir le Code de la Nationalité. Etre Français s’hérite ou se mérite.

En un mot, il faut que le peuple français soit maître chez lui, sans agressivité mais avec résolution et fermeté.

Il sera alors respecté des autres peuples et des autres nations quand seront rétablis chez nous, avec la préférence nationale, le droit d’être Français en France et d’y vivre pacifiquement dans le respect des lois votées par le Peuple et pour le Peuple.

Telles sont les grandes lignes de l’action, qui, dans les années qui viennent, vont nous rendre notre pays libre, indépendant et prospère.

Appelons toutes les Françaises et tous les Français, et en particulier les jeunes, à œuvrer pour leur avenir et celui de leurs futures familles.

Il n’est pas trop tard.

Il n’est jamais trop tard pour bien faire.

C’est notre foi et notre dévouement à la Patrie qui feront taire les menteurs et les colonisateurs, qui feront échec aux comploteurs et rallieront à nous les gens de bonne foi.

Ce formidable effort, nous le devons à la France qui nous a tant donné, mais qui est aujourd’hui au risque de se perdre.

Avec nous marcherons les milliers d’hommes et de femmes à qui nous montrerons le chemin du salut, par la vérité, la loyauté, le courage et le désintérêt.

Avec nous marcherons, invisibles mais présents, les milliards d’âmes et d’esprits qui ont construit le passé de la France pour qu’elle ait un avenir.

Vive le Front National,

Vive la France ! »