Annexe 26 : Français d’abord, « Hommage aux compagnons de la chanson », numéro de décembre 2002

« Le 19 octobre dernier, la mairie de Lyon inaugurait une place des Compagnons de la Chanson, en présence de ceux-ci, rendant ainsi hommage mérité à ce groupe qui « naquit » à Lyon. Bien que peu relayée, cette manifestation a réuni 3000 personnes, des amoureux de la belle chanson française, dont Albert Rosset, l’un de nos élus régionaux, très ému. La presse nationale n’a pas cru devoir relater l’événement, montrant une fois de plus le fossé qui sépare les Français de « leurs médias ». Il était bien normal que Français d’abord rende à son tour hommage à la carrière peu commune des Compagnons de la Chanson : plus de quarante ans d’existence et de succès ininterrompus, plus de 450 chansons, dont certaines ont fait le tour du monde.

Les Compagnons de la Chanson

C’est dans la maison du quai du Point-du-Jour, dans le cadre de la Révolution nationale de 1941, que Louis Liébard organise un camp de jeunesse : les Compagnons de France. Au sein de ceux-ci, il monte une chorale qu’il nommera les Compagnons de la Musique –chère au cœur de notre ami Albert Rosset qui en a fait partie. Le répertoire est puisé dans le folklore français (Perrine était servante, etc…) et s’accompagne d’une gestuelle comparable à celle des frères Jacques. Lors d’une tournée, les Compagnons de la Musique croisent le chemin d’Edith Piaf. Celle-ci les remarque et leur propose une tournée en commun. S’affranchissant alors de la tutelle de Liébard, ils suivent Edith Piaf aux Etats-Unis en 1947 et deviennent les Compagnons de la Chanson. Dès leur premier spectacle à Broadway, ils connaissent un grand succès. Edith Piaf sera à l’origine d’un nouveau répertoire dont la célèbre : Les Trois cloches qu’elle chante avec eux. Puis les Compagnons agrémentèrent leur tour de chant de véritables sketches et enchaînent les tournées dans le monde entier. Chacun jouant de plusieurs instruments, ils pouvaient ainsi se transformer en orchestre de chambre, groupe écossais, fanfare, sonneurs de trompes de chasse, ensemble de jazz… faisant de leur tour de chant un spectacle complet et totalement unique !

Que de succès !

Plusieurs générations ont été bercées par leurs succès dont beaucoup écrits au sein du groupe par le duo Broussolle-Calvet auquel on doit : Le Gondolier, Si tu vas à rio, Le Marchand de bonheur, Allez savoir pourquoi, Si tous les oiseaux, etc… et d’autres chansons que nous n’oublierons pas davantage : Mes jeunes années, La Chanson de Lara, Je reviens chez nous… Bouclant le tour qui les conduisait de ville en ville, ils ont achevé leur tournée d’adieux en 1985, nous laissant, malgré le vide de leur absence, ce bouquet de chansons qui, posées au creux d’une oreille, se promènent sur nos joies, nos peines agissant, comme autant de marchands de bonheur. Tout le mérite de quelques chanteurs qui reprennent des vieux succès réside dans la démonstration que ces chansons n’ont rien de ringard. Mais nous recommandons, là comme ailleurs, de préférer l’original à la copie en se procurant les enregistrements d’époque heureusement réédités. »

E. MONTANDON