Partie 1 : La triple appréhension du terrorisme : académique, juridique et politique

Cette partie liminaire a pour objectif d’ancrer la représentation du vocable « terrorisme » dans une triple perspective académique, juridique et politique. Nous souhaitons contextualiser les discours politiques antiterroristes contemporains à partir des perceptions de trois espaces sociaux d’influence inégale. La perspective académique s’intéresse aux modèles théoriques du « terrorisme » à partir des ressources offertes par différents courants sociologiques (action collective, violence politique, etc.). Au-delà de la stabilisation de l’usage du mot terrorismepour la suite de notre travail, ces outils permettent d’interpréter le « terrorisme » à partir d’une dialectique continuité/discontinuité produite par les réflexions sociologiques sur l’engagement collectif. La seconde perspective illustre la généalogie historique de l’incrimination de « terrorisme » dans le droit national et international. Cet héritage juridique est prégnant dans les discours politiques antiterroristes car la détermination juridique du crime « terroriste » légalise et légitime les instruments de répression. Pourtant, les acteurs juridiques échouent à produire une définition précise de cet acte criminel. Le troisième chapitre relate la constitution historique des instruments français de lutte contre le « terrorisme » en pointant leur nature réactive et préventive. Cette contextualisation est indispensable pour comprendre les cadres et les évolutions des discours antiterroristes. Ces réformes politiques ont été justifiées par des discours dont le contenu a peu évolué entre les expériences historiques de 1986 et de 1995.