1.3 Approcher les violences extrêmes par l’introduction d’une dimension subjective et identitaire

L’originalité des violences dites « extrêmes » ou des « violences de terreur » semblent tenir dans l’usage simultané d’une violence expressive et dérégulée au sein d’une perspective instrumentale et politique. On sort alors du jeu politique routinier, marqué par la négociation, pour viser l’anéantissement ou la paralysie de l’adversaire. Plusieurs auteurs ont ainsi souligné la profondeur de certaines fonctions sociales attachées à ces violences extrêmes pour tenter d’expliquer leur apparition97.

Notes
97.

A partir d’une approche fonctionnaliste et, contrairement à l’idée communément admise, Lewis Coser intégrait déjà le conflit comme un processus social structurant. Le conflit ne trouble pas toujours le fonctionnement des rapports au sein desquels il survient, il est même parfois nécessaire au maintien de ces rapports ; quand ils n’ont pas d’issue pour exprimer leur hostilité vis-à-vis les uns des autres, les membres du groupe se sentent complètement écrasés et risquent de se retirer ; en libérant des sentiments refoulés le conflit sert à maintenir les rapports. Il considère que le conflit a pour fonction de maintenir la cohésion du groupe dans la mesure où il joue le rôle de régulateur des systèmes de relations. Mais, le conflit ne signifie pas nécessairement la violence, bien au contraire. Coser se méfie de la violence, issue de relations sociales affectives et pas seulement fonctionnelles, car elle conduit à des conflits moins stables (Coser Lewis, 1956 (1982), Les fonctions du conflit social, Paris, PUF).