1) L’organisation de la lutte contre le terrorisme en France : trois niveaux d’action marqués par la coordination

En France, le système de lutte contre le terrorisme était caractérisé par la coordination entre des institutions nombreuses disposant de cultures différentes et d’intérêts parfois concurrents. Les instances politiques prennent la forme d’instances de nature interministérielle aux champs de compétence relativement flous. Le niveau opérationnel était marqué par la mobilisation d’acteurs spécialisés issus d’institutions différentes (Intérieur, Défense, renseignement). Ces derniers bénéficient d’une relation particulière avec l’autorité judiciaire qui prolonge dans son fonctionnement même, le régime procédural particulier de la répression du terrorisme.

De profondes modifications ont été apportées, depuis 2008, par le Président de la République Nicolas Sarkozy. Ces réformes visent à améliorer la coordination288 en favorisant la concentration des services. Sur le plan politique, ces politiques ont pour conséquence l’effacement institutionnel du Premier ministre, pilier traditionnel dans l’architecture du renseignement en France.

Notes
288.

L’amélioration de la coordination est un discours idéal dont le caractère évident masque en réalité une concrétisation difficile aussi bien en France qu’à l’étranger. « Si ce postulat semble de bon sens, l’expérience montre qu’il n’est pas facile de le mettre en pratique, en Espagne comme ailleurs. Dans tous les pays, les communautés du renseignement se comportent comme des confédérations de services entre lesquelles il existe nombre de rivalités d’ordre corporatif et budgétaire » (Jordán, 2004, p. 135).