Chapitre 4 La continuité historique des discours antiterroristes en France

Nous avons vu précédemment le contexte historique de constitution des structures judiciaires et policières de lutte contre le terrorisme en France. Ce processus, marqué par la spécialisation et la centralisation, s’est construit d’une manière réactive, par la mobilisation d’acteurs judiciaires particuliers (les juges antiterroristes, notamment) et les contraintes politiques produites par les séries d’attentats de 1986 et de 1995. Il s’agit de voir de quelle manière les discours politiques ont interprété ces situations de violence afin de gérer l’image des gouvernants et d’accompagner les réformes législatives engagées. Cette analyse n’a pas de visée exhaustive, ni la profondeur de celle effectuée pour les discours contemporains. La répartition des registres s’est faite essentiellement sur une analyse de contenu thématique, parfois renforcé par une analyse énonciative. Elle conduit à la caractérisation d’une continuité historique parmi les registres discursifs principaux : ainsi, les visées mobilisatrices et l’affichage de la fermeté se sont maintenus entre 1986 et 1995. La différence principale tient dans la désignation de l’ennemi terroriste.