1.3.1 Une absence de rancune politique

Laurent Fabius illustre la première figure de l’opposant. S’il se fait un devoir de soutenir le gouvernement (« L’attitude de toute la population, de toutes les formations politiques, doit être de soutenir l’action de nos responsables. Pour ma part, c’est ce que je ferai », 8 mars 1986), il regrette que l’opposition de droite n’ait pas fait « bloc pour condamner et agir » contre le terrorisme quand les socialistes étaient au pouvoir (16 septembre 1986). Pierre Mauroy reproduit ce discours : « Cette attitude de concorde nationale, face à une agression extérieure, je constate que la droite ne l’a jamais eut lorsque nous gouvernions » (16 septembre 1986). Jack Lang poursuit lors d’une interview au Grand-Jury RTL : « Dans le malheur qui nous frappe, le gouvernement a de la chance d’avoir une opposition responsable animée d’esprit civique. Cela n’a pas toujours été le mot d’ordre de la droite » (23 septembre 1986).

C’est finalement Lionel Jospin qui se montre le plus virulent dans ce registre du soutien critique.

‘« Nous avons l’intention d’appeler la communauté nationale à la cohésion, mais nous ne nous laisserons pas récupérer politiquement dans je ne sais quelle union nationale. Nous ne ferons pas preuve d’indulgence pour ceux qui prétendaient, il y a quelques mois, terroriser les terroristes et qui maintenant se taisent… Les dirigeants de droite ont perdu le droit de faire la leçon en matière d’insécurité » (23 septembre 1986).’

Quelques jours plus tard, il réitère ces propos, dénonçant une stratégie intéressée du gouvernement qui profiterait du climat d’unité nationale pour approfondir ses réformes les plus contestées.

‘« Où sont passés ceux qui, n’ayant pas de mots assez durs pour nous quand nous affrontions ces épreuves, prétendaient, le sourire goguenard aux lèvres et le menton bravache, qu’ils allaient terroriser les terroristes ? Comment demander valablement que l’ensemble des courants politiques se soude sur les problèmes du terrorisme, quand, dans le même temps, on fait preuve d’esprit partisan dans d’autres secteurs que la sécurité ? » (27 septembre 1986).’

Au-delà de la dénonciation de l’hypocrisie de la droite, l’opposition suspecte le gouvernement d’user de la période d’incertitude née de la campagne d’attentats comme d’une fenêtre d’opportunité en étendant les domaines relevant de l’union nationale afin de désamorcer toute critique. Une seconde figure de l’opposant se fixe plus précisément sur les moyens de la répression antiterroriste.