1.1 La pureté victimaire

Philippe Braud fait de la souffrance le fil conducteur de la définition de la violence. La violence existe parce qu’il y a de la douleur ; elle provoque des victimes et met en exergue une vulnérabilité, « une incapacité à se protéger, une impuissance à défendre ses proches, son territoire, ses biens » (Braud, 2004, p. 17). Les références aux victimes s’inscrivent dans une topique477 qui provoque une émotion de l’allocutaire au sein de notre système de croyances.

‘« Il apparaît clairement que l’émotion s’inscrit dans un savoir de croyance qui déclenche un certain type de réaction face à une représentation socialement et moralement prégnante. Des normes, des valeurs, des croyances implicites sous-tendent les raisons qui suscitent le sentiment » (Amossy, 2000, p. 172).’

La figure victimaire se rattache ainsi à l’innocence et appelle une protection. Sa présence dans les discours antiterroristes est accentuée par l’énormité du bilan humain des différents attentats étudiés.

Notes
477.

« Une topique est un système empirique de collecte, de production et de traitement de l’information à finalités multiples (narrative, descriptive, argumentative), essentiellement pratiques, fonctionnant dans une communauté relativement homogène dans ses représentations et ses normes. Les topiques expriment une ontologie populaire oscillant entre le cognitif et le linguistique » (Plantin, 2005, p. 43-44).