1.3 La fonction authentifiante des affects

Le « régime de partage » vise à crédibiliser l’événement par la description des sentiments du locuteur politique. Mais, cette convocation est également revendiquée par la configuration médiatique. Les récits médiatiques sur les attentats sont structurés par des procédés discursifs d’ancrage dans le réel. Le lieu et la temporalité de l’attentat servent à fixer la réalité. La télévision et la radio disposent du direct comme premier indicateur de réalité. La diffusion simultanée possède une double efficacité car elle nous constitue comme téléspectateur de la réalité en train de se dérouler mais, également, comme témoin de l’événement, à l’instar des personnes physiquement présentes sur les lieux de l’attentat. La presse écrite n’est pas dépourvue de techniques pour fixer la réalité. L’utilisation massive des photographies et des schémas des lieux visés et la médiatisation des paroles des témoins participent de ce processus. Les procédés discursifs d’ancrage de la réalité prennent enfin la forme d’une fragmentation de la temporalité par un minutage précis de l’enchaînement des faits et la multiplication des points de vue, consécutifs à la diversité des témoignages publiés. Si les discours politiques n’ont pas pour objet d’ancrer l’attentat dans la réalité, les locuteurs politiques remplissent pourtant un rôle de témoin dans les situations étudiées.

Par la médiatisation de leur vécu, ils fixent la réalité et l’importance de l’attentat. La surprise est éprouvée par le locuteur à l’aide d’une verbalisation du choc et par la description de la désorganisation de son agenda. En outre, certaines situations d’énonciation illustrent la visée d’authentification des émotions par la convocation comme témoin du locuteur politique.