2) Le discours de réprobation

Parallèlement à une identification par le partage de sentiments communs, la mobilisation de la population suit un processus identitaire majeur : la construction de l’ennemi. « Dans toute société, fût-elle policée, la fonction Ennemi est structurante et à ce titre indispensable » (Debray, 2002, p. 9). La mobilisation est visée par une stratégie d’exclusion de l’Autre au sein de laquelle le pathos demeure présent. Les traces affectives s’illustrent dans l’évocation de symboles porteurs d’émotion, dans des procédés syntaxiques (des phrases exclamatives) et dans des stratégies argumentatives de disqualification.

Les discours de réprobation s’inscrivent d’abord dans une dichotomie morale. La disqualification se poursuit à l’aide de l’emploi du mot terrorisme et de qualificatifs péjoratifs (haine, lâcheté, etc.). Les locuteurs recourent au registre de la pathologie pour amplifier les représentations négatives de l’ennemi. Le danger qu’il représente est enfin accrédité par la démonstration de sa puissance.