2.2.5 L’évocation de la puissance des terroristes

Les discours de réprobation des terroristes s’accompagnent d’une évocation de leur puissance. L’effet pathémique visé est la peur qui constitue une émotion provoquée par un danger imminent et précédée de surprise. Ce type de discours qui irrigue les références à l’horreur éprouvée par les locuteurs ou à la nature barbare et pathologique du terrorisme est traversé par une tension intrinsèque. D’un côté, le gouvernement souhaite informer la population de l’intensité de la menace en fournissant des connaissances sur les capacités des terroristes ; de l’autre, les opposants tendent à dénoncer une dramatisation excessive qui vise à apeurer la population afin qu’elle se regroupe autour de ses dirigeants. « La peur est plus que jamais un problème de gouvernement et il est de l’intérêt de tous de la contenir dans les limites du raisonnable et du tolérable » (Delumeau, 1998, p. 164). C’est ce à quoi s’emploie tout gouvernement à travers la visée rassurante des discours antiterroristes.

Quoiqu’il en soit, le registre de la puissance se décline à travers la compétence et l’ubiquité de l’organisation terroriste. Les références à la compétence terroriste rassemblent des arguments sur le degré de structuration et de sophistication des actes violents ainsi que sur leur ingéniosité, notamment la capacité des terroristes à retourner à leur avantage la force de leurs adversaires. L’omniprésence des terroristes est repérable par l’invisibilité des réseaux terroristes et la menace récurrente qu’ils font peser sur les pays occidentaux.