3) La mobilisation d’une unité nationale

Pour Pierre Ansart, le recours à la persuasion émotionnelle joue un rôle intégrateur pour une entité collective donnée.

‘« La notion de “logique affective” sera donc à reprendre dans cette perspective et dans un double sens soit qu’elle désigne la logique des sentiments politiques au sein d’un groupe, d’un parti ou d’une classe, soit qu’elle désigne la logique dialectique qui sépare et unit deux groupes en conflit. Dans le premier sens de ce terme, on cherchera à souligner le système des attachements et des peurs qui se renouvelle au sein d’un même groupe et qui forme le régime des “sentiments dominants” au sein de ce groupe » (Ansart, 1983, p. 25).’

La « logique affective » à l’œuvre dans les discours antiterroristes est une rhétorique mobilisatrice. Elle prend la forme d’une identification à des sentiments communs et à des valeurs fondamentales et d’une disqualification de l’ennemi terroriste. L’unité est donc la visée intrinsèque de tout discours antiterroriste comme elle l’est de tout de discours politique (Le Bart, 1998, p. 87).

La seconde approche, que nous allons analyser ici, renforce la mobilisation connotée des arguments émotionnels par une mobilisation dénotée. Ce procédé s’illustre dans des revendications explicites d’union nationale, une suspension des joutes partisanes et des discours de vigilance populaire, fondateurs d’une « culture de la sécurité ».