Cette revendication d’une union nationale a pris une signification particulière à l’occasion des attentats du 11 septembre 2001 dans la mesure où la France se trouvait en situation de cohabitation. Cette dualité partisane au sommet de l’État pouvait constituer une exacerbation de la division. En outre, à l’instar de la crise du Kosovo, le « terrorisme international » s’inscrit dans des prérogatives institutionnelles, couvertes à la fois par le Président de la République (la politique étrangère577, l’engagement militaire) et le Premier Ministre (la sécurité intérieure, la lutte antiterroriste) et ouvre de nombreuses possibilités de dissensions, à quelques mois des échéances électorales du printemps 2002. Cette inquiétude est prégnante chez les journalistes politiques dont de nombreux articles viennent interroger le fonctionnement dual de l’exécutif à l’aune de la crise de septembre 2001.
Nous pouvons rappeler, à cet égard, les critiques moqueuses de l’opposition parlementaire lors des propos controversés de Lionel Jospin sur les actions « terroristes » du Hezbollah libanais, à l’occasion d’un voyage au Proche-Orient (février 2000). La droite accusait le Premier ministre d’être intervenu maladroitement sur un sujet, traditionnellement réservé au Président de la République, et ce, avec l’intention d’étoffer ses qualités en vue des présidentielles. « Le terrain de la politique étrangère est de toute évidence un champ de manœuvre où tout Premier ministre sous la Ve République aime se projeter sous une forme co-présidentielle, d’autant plus facilement que l’expérience montre qu’il s’agit d’un domaine partagé, à la mesure du rapport de force politique », « Une gaffe passionnante », Libération, 1er mars 2000.