2.2.1 Une stratégie maitrisée et efficace

La prédominance d’une stratégie policière et judiciaire s’illustre en premier lieu par la fréquence discursive de ce vocabulaire. Dans la grille d’analyse, nous avons constitué une thématique propre sur ce thème. Elle rassemble la dénomination directe par la détermination policière et judiciaire de l’action (action policière, action judiciaire) ou les registres sémantiques de l’investigation policière (preuves, instruments juridiques, recherche de coupables). L’analyse de contenu confirme la visibilité de cette thématique : elle apparait dans près d’un discours sur deux et connait une fréquence globale de 1,5 occurrence par discours. Cette présence s’affirme dans un second temps par rapport à la survenue d’un attentat : dans la première semaine, la moyenne de la thématique « action policière » n’est que 0,8 occurrence par discours contre 2,3 en seconde semaine. Au-delà de cette visibilité textuelle, la stratégie policière s’impose dans le discours par une valorisation énonciative et des procédés argumentatifs particuliers.

Les justifications s’inscrivent dans une dialectique de la mesure qui s’oppose à la démesure connotée dans la stratégie militaire. La connotation de l’action policière est celle de la proportionnalité et de la cohérence. Face aux dérèglements de la guerre, la lutte menée par la police et la justice est interprétée comme particulièrement ajustée aux actions terroristes.

‘« [La législation française] respecte en effet les équilibres posés par les principes de nécessité et de proportionnalité et […] elle réserve l’intervention d’un magistrat du siège lorsqu’il s’agit de prendre des mesures coercitives dérogatoires du droit commun » (Dominique Perben, 15 octobre 2003). ’

Ce principe d’équilibre est reconnu par l’ensemble des responsables politiques en dépit de leurs différences partisanes. « C’est notre responsabilité parce que l’État ne peut manquer à son premier devoir qui est d’assurer la sécurité de ses citoyens. Et nous devons le faire avec le souci de l’efficacité, mais aussi en respectant nos valeurs » (Nicolas Sarkozy, 17 novembre 2005). Avant d’étudier les garanties démocratiques avancées pour justifier la nature judiciaire de la lutte contre le terrorisme, il s’agit d’observer la construction de l’argument d’efficacité.