Les attentats de 1986 ont conduit à de nombreuses interprétations sur l’origine et les motivations des poseurs de bombes. Le « terrorisme international » est interprété comme une guerre psychologique, engagée par des États, afin de faire vaciller les opinions publiques plutôt que de viser directement les structures étatiques. En dépit de typologies et de désignations différentes827, des critères communs sont caractéristiques des organisations terroristes : des actions opérées hors du territoire d’appartenance du mouvement et le soutien d’un État (financier, logistique, humain voire idéologique) ou, à tout le moins, une convergence d’intérêts stratégiques. La lecture politique dominante du terrorisme peut être qualifiée de « diplomatie coercitive »828.
Gérard Chaliand distingue quatre grandes catégories d’organisations terroristes : les mouvements de libération à base populaire ayant une direction politique et des forces armées (Vietcong, FLN, OLP, IRA, ETA, etc.), les mouvements anti-impérialistes ou révolutionnaires sans base de masse utilisant la forme du terrorisme comme guérilla urbaine dans des pays non démocratique (Tupamaros uruguayens, Monteneros argentins, Marighella au Brésil), les sectes politiques à vocation révolutionnaire dans les sociétés industrielles démocratiques (Fraction Armée Rouge en RFA, Action Directe en France, Brigades Rouges en Italie, etc.) et le terroriste d’État ou para-étatique (Chaliand, 1985). A la même époque, Daniel Hermant différencie trois types de mouvements violents : le terrorisme d’organisation clandestine renvoie à une organisation qui s’oppose à son propre État par vocation révolutionnaire (Fraction Armée Rouge, Brigades Rouges, AD) ou par vocation indépendantiste (IRA, ETA, FLNC) tandis que l’organisation secrète est une forme issue des États, utilisée pour s’opposer à des groupes désignés comme terroristes (exemple des GAL en Espagne). Le terrorisme d’organisation écran est une forme intermédiaire, voir supra (Hermant, 1986).
Gérard Chaliand, « Une diplomatie coercitive », Le Monde, 26 mars 1986.