1.1 Les causalités des attentats : crises politiques et injustices économiques

Au sein de la dimension « algorithmique » déjà évoquée, nous avons distingué quatre thématiques principales qui rassemblent des causes politiques, économiques, sécuritaires et morales. Sous la thématique politique, nous avons agrégé les arguments expliquant les attentats par les crises (crises régionales, Proche et Moyen-Orient) ou par les politiques étrangères des États. Sous la thématique économique, nous avons rassemblé les références aux inégalités économiques et sociales, aux problèmes entre le Nord et le Sud et à la mondialisation. Sous la thématique sécuritaire, nous avons réuni les références à l’immigration, au trafic d’armes, aux quartiers populaires ou aux défaillances des services de sécurité. Enfin, la thématique morale regroupe les arguments qui expliquent les attentats par un dérèglement du monde ou la déchéance des valeurs morales.

La répartition globale des causalités montre la surreprésentation des causes politiques qui correspondent à 53% des arguments loin devant les causes sécuritaires (15,2%), les causes économiques (12,2%), les causes morales (11,6%) et des causes diverses (essentiellement la responsabilité imputée à Oussama Ben Laden, 7,9%). Cette distribution des causalités n’est pas uniforme selon les partis (voir tableau ci-dessous).

[Figure n°2]
[Figure n°2]

Si les locuteurs socialistes se rapprochent de la répartition globale des arguments concernant la causalité politique (47,8% des arguments), ils placent en seconde position les injustices économiques devant les causes diverses (respectivement 24% et 13% des arguments). Les autres partis de gauche qui regroupent des locuteurs du PC, des Verts et un discours de LO se distinguent par une surreprésentation des causes économiques dans l’explication des attentats. A l’inverse, les membres du MDC de Jean-Pierre Chevènement sont les seuls à placer les causes sécuritaires comme causes principales du phénomène terroriste.

Les locuteurs centristes (UDF et DL) adoptent une perspective quasiment monocausale avec une écrasante domination de la variable politique (près de 83%). Parmi les membres de l’UMP (et anciennement du RPR), on remarque une relative dispersion des causalités avec une domination des raisons morales (36,4%) devant les raisons politiques (30,3%). Enfin, à l’extrême-droite (FN, MPF et MNR), les causes sécuritaires talonnent les causes politiques (41,7% et 46,7%). Une lecture rapide tend à confirmer une correspondance entre les explications des actes terroristes et de grands traits idéologiques partisans (importance de l’économie à gauche, des valeurs morales ou des questions de sécurité à droite). Mais ces thèmes généraux regroupent des arguments différents qui nécessitent d’aller plus profondément dans les contenus argumentatifs.