a) L’impossible définition du développement durable

1) Une définition plurielle à l’origine

Il est difficile de fixer de manière consensuelle une définition du développement durable qui est originellement une notion polysémique. Le terme de sustainable development, duquel découle celui de développement durable, est apparu pour la première fois dans le manifeste du parti écologiste de Grande-Bretagne en 1976 (VAILLANCOURT J.-G., 1995). Jean-Guy Vaillancourt a également relevé le terme de société soutenable dans les travaux du Worldwatch Institute, dans un ouvrage de Lester Brown de 1981 intitulé Building Society et dans le livre de Robert Allan How to save the world en 1980. Ainsi, le développement durable était en germe dès le milieu des années 1970 mais il est mentionné pour la première fois dans une Stratégie mondiale pour la conservation : la conservation des ressources vivantes au service du développement durable (VAILLANCOURT J.-G., 1995 ; SACHS W., 2001), document publié en 1980 par Union Internationale pour la Conservation de la Nature. C’est le rapport Brundland (1987) - du nom de la présidente du CMED qui a produit le document– qui a promu et diffusé le terme. On n’en retient souvent que la définition conventionnellement admise : « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. »

L’adjectif durable a été préféré à celui de soutenable car il donne à la France, la primauté de la notion déjà utilisée par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature. Sur le plan sémantique, le développement durable ne coïncide pas avec le sustainable development. Le premier privilégie la durée alors que le second se focalise sur un espace-temps immédiat. Les termes de «développement durable » et de «développement soutenable » cohabitent dans la littérature scientifique. Pour éviter les débats sémiologiques et dans un souci de lisibilité, j’emploierai au cours de cette recherche le terme de développement durable, largement plus usité notamment dans le monde de l’éducation. Ce rapport Brundland contient d’autres acceptions du développement durable que celle donnée plus haut. John Pessey de la Banque mondiale en recense 37 (PEZZEY J., Economic analysis of sustainable growth and sustainable development, World Bank, Environment Department, Working Paper n° 15, 1989 in LATOUCHE S., 2002). A la polysémie initiale de la notion s’ajoute une polysémie usuelle qui découle de l’évolution de la notion dans le temps.