b) La durabilité forte

Dans la perspective d’une durabilité forte, ce sont les écosystèmes qui doivent perdurer. Les partisans d’une durabilité forte prônent la sauvegarde du milieu biophysique en mettant en avant les limites de la technique. L’économie écologique ou bioéconomie cherche à optimiser la gestion de l’environnement sur le long terme. Pour ce faire, elle défend trois principes (VIVIEN F.-D., 2006 ; ROEGEN G., 1979) :

Tout d’abord, le taux d’exploitation des ressources naturelles doit être égal au taux de régénération de ces ressources.

Ensuite, le taux d’émission des déchets doit correspondre à la capacité de leur assimilation par les écosystèmes.

Enfin, l’exploitation des ressources naturelles doit être équivalente à leur substitution par des ressources renouvelables ou par d’autres types de capital.

C’est une vision limitative du processus cumulatif de la croissance économique. La durabilité forte veut limiter la production à ce que le milieu biophysique est capable d’assimiler. Il en résulte la mise en place de mesures légales contraignantes et coercitives pour l’ensemble des acteurs économiques.

Les partisans de la durabilité forte et de la durabilité faible ne parlent pas du même objet. Ils adhérent à une même notion qui n’a en réalité de commun que le nom. « Le développement durable est devenu un lieu commun, le sens qu’on lui donne peut varier souvent de façon significative dans la bouche des acteurs du développement. » (GAUCHON P. et TELENNE C., 2005, p.7). On pourrait conclure en disant qu’à chaque acteur, son développement durable. Ce serait accepter que la notion est relative, qu’elle n’a de sens que dans un contexte particulier (celui de l’énonciation) en fonction des acteurs qui s’expriment. Le développement durable aurait alors peu de profondeur historique. Or la notion semble s’apparenter au concept de développement.