a) Une nouvelle lecture du monde

Le développement divisait le monde en deux. D’un côté, il y avait les pays développés, ceux qui avaient atteint le dernier stade de l’évolution, de l’autre, les pays encore à l’état primitif, entre les deux, les pays en voie de développement. Avec le développement durable, la frontière ne se situe plus entre les pays dits développés et les pays dit non développés mais entre les hommes et le milieu biophysique. Le développement durable s’inscrit dans la lignée du développement. Il se structure sur une temporalité linéaire, cumulative et irréversible. C’est une autre forme d’évolutionnisme social. Il y a les pays entrés dans le capitalisme et potentiellement capables d’en gérer les excès (les pays du nord) ; ceux qui n’ont pas encore une économie pleinement capitaliste mais qui subissent déjà de fortes dégradations environnementales (les pays du sud) ; entre les deux, il y a toujours le stade médian qui se caractérise par un développement économique moyen et une gestion environnementale existante mais ponctuelle (pays en voie de développement). Le développement durable propose une nouvelle classification qui se structure sur l’ancienne. Cette classification n’est pas formalisée (peut être pas encore) comme elle l’a été pour le développement. Mais il existe de manière explicite des pays plus avancés que d’autres en matière de développement durable. C’est au nom de cet avancement que s’opère une nouvelle forme de colonisation d’ordre écologique.