b) Le développement durable : un changement de perspective

Entre l’ERE et l’EDD, la différence n’est pas seulement d’ordre lexical. Derrière les mots se joue un changement de perspective. L’ERE et l’éducation pour/au développement durable ne portent pas sur le même objet et n’ont pas les mêmes finalités.

1) ERE, EDD : des finalités différentes

Reprenons la définition de l’ERE donné en début de chapitre.

L’éducation relative à l’environnement (ERE) est un processus continu et global par lequel une personne s’inscrit dans un rapport au monde respectueux d’autrui, de son milieu de vie et du milieu biophysique. Ce processus permet d’acquérir des savoirs, des savoir-faire et des savoir-être qui permettent de développer un savoir-agir et un vouloir-agir propices à l’instauration d’un rapport homme/société/environnement favorable. Ce processus vise au développement personnel de l’individu mais aussi à un changement social profond. L’éducation relative à l’environnement est donc aussi le résultat de ce processus. Cette définition personnelle met en valeur les caractéristiques de l’ERE.

Sans détailler de nouveau cette définition, soulignons simplement que l’éducation relative à l’environnement est un processus centré sur le développement de la personne et se jouant dans les interactions entre la sphère de l’identité, la sphère de l’altérité et la sphère de la relation au milieu de vie (Cf. la figure 4). C’est un processus personnel qui s’inscrit de manière plus large dans une perspective de changement sociétal. L’acquisition de savoirs, savoir-faire et savoir-être ne constitue pas la finalité première de l’ERE. C’est un moyen nécessaire au processus. L’éducation n’est pas un instrument au service de la protection ou d’une meilleure gestion de l’environnement. C’est la finalité première. « Ce n’est pas de « gestion de l’environnement » dont il est question ici, mais plutôt de la « gestion » de nos propres rapports individuels et collectifs à l’environnement » (op. cit., p.15).

L’éducation au/pour un développement durable s’inscrit dans une perspective différente. La finalité première n’est plus éducative.

‘ L’éducation n’est plus vue comme un objectif en lui-même mais doit être un moyen pour :
S’assurer qu’une population informée et favorable soit préparée à supporter les changements provoqués par la soutenabilité de différents secteurs ;
Disséminer le savoir, les savoir-faire, et les compétences qui sont nécessaires pour amener aux schémas de production et de consommation durables et pour améliorer la gestion des ressources naturelles, de l’agriculture, de l’énergie et de la production industrielle ;
Travailler à propos des changements de valeurs, comportements et styles de vie qui sont nécessaires pour mettre en œuvre le développement durable et conséquemment la démocratie, la sécurité humaine et la paix. (HOPKINS C., DAMLAMIAN J., GUSTAVO LOPEZ O., 1996 in SAUVE L., BERRYMAN T. et VILLEMAGNE C., 2003, R. 167).’

L’éducation au / pour un développement durable vise à accompagner et favoriser la mise en œuvre d’un développement durable, dans l’acception faible du terme (durabilité faible). Cette vision de l’éducation est problématique, voir dangereuse, à plusieurs égards.