b) La diversité des acteurs de l’ERE

Le premier constat qui découle de ces entretiens est la diversité et le nombre important des acteurs intervenant dans l’Académie de Lyon sur le thème de l’eau :

La diversité des acteurs peut varier d’un département à l’autre. J’ai pu néanmoins observer une typologie semblable sur d’autres territoires : Académies ou région… Le rôle, la fonction et la place dans le champ de l’ERE, de chacun de ces acteurs, ne sont pas déterminés par leur statut juridique. Deux associations peuvent avoir par exemple des fonctions différentes, l’une intervenant directement face aux publics, l’autre étant un réseau, l’une étant petite et à l’influence limité et l’autre influente auprès des financeurs. L’articulation des différents acteurs de l’ERE ne peut donc se résumer à une simple classification d’ordre juridique. Elle se structure autour de quatre types d’acteurs, ce qui est illustré par la figure suivante. Chacun de ces acteurs se définit par le pouvoir qu’il détient, son niveau d’engagement, sa légitimité, les ressources dont il dispose et son rôle.

Figure 13 : Les interrelations des acteurs de l’ERE
Figure 13 : Les interrelations des acteurs de l’ERE

Les décideurs politiques régionaux sont les acteurs qui détiennent le pouvoir au sein du champ de l’ERE. Il s’agit la DIREN*, de la région, de l’Agence de l’eau principalement _ l’Ademe en fait partie mais pas dans le cadre de la thématique de l’eau. Leur niveau d’engagement est constant mais de faible intensité au regard des moyens dont ils disposent et du grand nombre des missions qu’ils ont en charge. En revanche, ils détiennent une légitimité institutionnelle et des ressources importantes. Ils n’interviennent pas directement en ERE (pas en face à face pédagogique) mais peuvent mettre en place un cadre favorable notamment par la mobilisation de moyens financiers. Ce n’est pas leur seul mode d’intervention. Ces acteurs peuvent soutenir la formation, la mise en place de réseau d’acteurs…

Les décideurs politiques locaux ont un pouvoir plus restreint, circonscrit à un territoire et à des compétences ciblées. Ce sont des collectivités territoriales locales : départements, grandes villes, agglomérations, communautés de communes, syndicats intercommunaux. Elles peuvent mener une politique d’ERE plus ou moins engagée. Leur légitimité est institutionnelle comme les décideurs politiques d’échelle supérieure. A une exception près, le mode d’intervention de ces acteurs est identique à celui précédemment décrit. Les entreprises privées qui interviennent dans le champ de l’ERE se situeraient dans ce groupe d’acteurs.

Les structures intermédiaires peuvent être des associations (GRAINE RHÔNE-ALPES, Maison Rhodanienne de l’environnement, Grand Moulin de l’Yzeron), des sociétés d’économie mixte ou des syndicats intercommunaux (SMIRIL, Syndicat des Mont d’Or). Elles ont un rayonnement et une influence variable. Elles détiennent un pouvoir moindre que celui des décideurs politiques (locaux ou régionaux) dont elles tirent une partie de leurs ressources et une partie de leur légitimité. Leur engagement est constant et souvent de forte intensité. L’ERE constitue une de leur principale mission mais peut ne pas être la seule. Ces structures interviennent peu ou pas en face à face pédagogique. Elles soutiennent les structures d’ERE dans leur mission et participent à la structuration du champ de l’ERE.

Ces structures sont essentiellement des associations de protection de l’environnement et/ ou d’éducation à l’environnement. Cette catégorie peut englober d’autres types d’acteurs comme des sociétés d’économie mixte (SEGAPAL), des collectivités territoriales (syndicat intercommunal qui porte le contrat de rivière...) ou des associations dont l’objet n’est pas en soi l’environnement mais le comprend (La Maison du Fleuve Rhône, La Péniche du Val de Rhône, associations d’éducation nouvelle ou populaire, CEMEA*, OCCE…). Ces structures interviennent directement dans des actions d’information, de sensibilisation et d’éducation relative à l’environnement même si ce n’est souvent pas leur cœur de métier. Leur pouvoir dans le domaine de l’ERE est limité car les structures d’ERE dépendent des décideurs politiques sur le plan financier et de l’institution scolaire pour avoir à intervenir auprès du public scolaire. Nous ne traitons ici que du champ de l’ERE. Il est évident que les interactions entre les structures d’ERE et les décideurs politiques qu’ils soient locaux ou régionaux, sont plus complexes. Une partie des les structures d’ERE étant des associations de protection de la nature, elles peuvent avoir un rayonnement et une influence politique importante sur la thématique de l’environnement mais c’est en dehors du champ étudié.

Le dernier acteur appartenant au champ de l’ERE est l’Ecole. Il s’agit ici de l’institution scolaire dans son ensemble. Nous avons un chapitre réservé à la prise en charge de l’ERE par l’Ecole. La place de l’Ecole est importante car le public scolaire est la cible principale des actions d’ERE. Sa légitimité est institutionnelle mais son pouvoir est restreint par ses ressources financières limitées.

Cette représentation schématique des acteurs de l’ERE ne comprend pas de case spécifique pour l’Etat qui appartient pleinement au champ. Trois facteurs motivent ce choix. Tout d’abord l’Etat n’est pas absent du schéma, la DIREN* ou l’Ecole étant des services étatiques. De plus, l’Etat constitue le cadre financier, juridique et politique dans lequel évoluent les acteurs de l’ERE. Il constitue l’environnement du champ de l’ERE. Enfin, c’est un acteur qui paradoxalement se désengage du champ malgré un affichage politique fort, au profit des décideurs politiques locaux ou régionaux qui ont accru leur engagement en ERE au cours de deux dernières décennies.