b) Une éducation centrée sur les territoires urbains

Les projets d’ERE réalisés en milieu scolaire se concentrent dans les pôles urbains de l’Académie. C’est ce que montrent les deux cartes ci-dessous. La première localise les enseignants qui ont déposé un projet pédagogique d’EEDD auprès Rectorat de Lyon entre 2004 et 2008. Elle met en évidence des actions menées à destination des scolaires quel que soit la thématique concernée. La seconde carte situe l’ensemble des actions d’ERE menées sur le thème de l’eau quel que soit le public ciblé.

Ces deux cartes délivrent donc des informations de nature différente. Pourtant elles aboutissent à la même conclusion. Quelle que soit la thématique mobilisée ou le public ciblé, l’éducation relative à l’environnement est l’apanage des territoires urbains. Les pôles urbains concentrent les actions d’ERE. Dans la Loire, c’est autour des bassins roannais et stéphanois que s’organise l’éducation relative à l’environnement. Dans le Rhône, Lyon et sa grande couronne a un rôle structurant fort. Dans l’Ain, les actions d’ERE se répartissent de manière très dispersée sur le territoire. De ces trois départements se dégagent trois organisations spatiales différentes.

Figure 30 : Organisation concentrique de l’ERE dans le Rhône
Figure 30 : Organisation concentrique de l’ERE dans le Rhône

Dans le Rhône, le Grand Lyon et sa politique offensive en matière d’EDD (terme employé par la collectivité) génèrent un fort volume d’actions d’ERE sur son territoire. Cela permet à un nombre important de structures d’ERE de se développer et de mener à bien leurs projets. Ces structures d’ERE rayonnent ensuite sur l’ensemble du département parce qu’elles sont dans la nécessité d’élargir leurs activités au-delà du Grand Lyon où les concurrents sont nombreux et le potentiel d’expansion limité. On observe ainsi une organisation concentrique de l’ERE en Rhône Alpes. Plus on s’éloigne du Grand Lyon, moins les territoires bénéficient d’actions. C’est ce qu’illustre la figure ci-dessous.

L’éducation relative à l’environnement s’organise différemment dans la Loire. Elle se structure autour de deux pôles urbains moteurs : Roanne et St Etienne. Ce n’est plus une organisation spatiale concentrique mais une organisation bipolaire. Roanne et St Etienne sont des territoires dynamiques en ERE parce que leurs collectivisé locales ont mis en place une politique dans le domaine. Certes les niveaux de financement engagé ne sont pas comparables à celui du Grand Lyon qui investit plus de 600000€ chaque année mais la population ciblée est par ailleurs plus restreinte. La figure ci-dessous illustre l’organisation bipolaire de l’ERE dans la Loire.

Figure 31 : Les pôles de l’ERE dans la Loire
Figure 31 : Les pôles de l’ERE dans la Loire

Dans l’Ain, l’éducation relative à l’environnement n’est pas enracinée autour d’un pôle en particulier. Le territoire est constellé d’actions d’ERE qui telles des étoiles sont furtives et éphémères. C’est ce qu’illustre la figure ci-dessous.

Figure 32 : L’Ain, la constellation de l’ERE
Figure 32 : L’Ain, la constellation de l’ERE
CARTE 1 : Nombre de projets d’EDD déposés au Rectorat de 2004 à 2008
CARTE 1 : Nombre de projets d’EDD déposés au Rectorat de 2004 à 2008
CARTE 2 : Animations réalisées sur le thème de l’eau en 2005-2006
CARTE 2 : Animations réalisées sur le thème de l’eau en 2005-2006

Les projets et les actions menées en ERE s’inscrivent principalement dans les pôles urbains du territoire. Deux facteurs d’explication sont possibles.

On peut émettre l’hypothèse que les territoires urbains ont plus largement investis l’ERE parce que leurs habitants sont en demande, en raison de leur éloignement de l’environnement biophysique ou car ils sont soumis quotidiennement à des problèmes environnementaux. Plusieurs chargés de mission de contrat de rivière (en milieu rural) ont avancé au cours des entretiens qu’ils n’avaient pas besoin de sensibiliser la population à l’environnement, cette dernière étant proche du milieu par son mode de vie rural et agricole. Je n’explorerai pas cette dernière hypothèse parce que je ne dispose pas des éléments nécessaires.

La seconde explication possible est financière. L’éducation à l’environnement se met en place quand des décideurs politiques se mobilisent et décident de soutenir activement des enseignants ou des structures d’ERE ayant un projet. Les enseignants et les structures d’ERE n’ont pas les moyens propres nécessaires à la mise en place de projets d’envergure. C’est une explication matérialiste mais cohérente avec le fonctionnement du milieu de l’ERE tel qu’il a été décrit précédemment. Les actions d’ERE prennent place là où il y a des acteurs engagés et ayant les moyens d’investir. Cette explication nécessite d’être nuancée.

D’une part, il y a en jeu des parties prenantes de niveau régional ou supra régional comme la DIREN, la région Rhône-Alpes, l’agence de l’eau qui soutiennent des actions sur l’ensemble du territoire. L’inégale répartition des actions et des projets d’ERE laisse penser que c’est à grande échelle, c’est-à-dire à l’échelle locale, que les dynamiques d’ERE se mettent en place. Autrement dit, pour qu’un territoire investisse le champ de l’ERE, la possibilité d’avoir accès à des financements régionaux ou supra régionaux n’est pas suffisante. Il est nécessaire qu’à l’échelle locale, des collectivités aient impulsé une dynamique favorable au développement de l’ERE accompagné par des structures d’ERE locales.

D’autre part, quand on rapporte le volume d’actions financées à la population du territoire concerné, on se rend compte que la structuration territoriale établit précédemment est encore valable. Néanmoins les populations situées en dehors des gros pôles urbains sont plus longtemps exposées à l’ERE que celles des pôles urbains. C’est ce que montre la carte suivante.

Pour résumer, l’éducation relative à l’environnement se répartit de manière très inégale sur le territoire de l’Académie de Lyon. Cette répartition est conditionnée par la politique menée à l’échelle locale par les décideurs politiques. Ce sont ces mêmes politiques qui centrent l’ERE, sur le public scolaire.

CARTE 3 : Durée d’exposition d’ERE par habitants
CARTE 3 : Durée d’exposition d’ERE par habitants